Des pingouins sur la banquise

Argent ! Argent ! A moi ! A moi !

caquettent les pingouins en file indienne sur leur ilot de glace.

L’enfer, c’est les autres, la promiscuité. Être à l’avant ou à l’arrière de la file. Pousser ou laisser passer. Accélérer.

Pingouins
Sortie du RER – La Défense, 8h45

A moi ! A moi !

Happer ce qui passe, voracement, sans état d’âme.

Et rêver de voler… de se faire pousser des ailes pour échapper aux autres d’abord.

Quitter la banalité, la médiocrité, se faire plaisir, ne plus avoir d’entraves, et proclamer son mépris si longtemps refoulé ! Voler pour devenir indifférent au monde et à son sort. Se  retirer des affaires, fuir sur son île déserte.

C’est le rêve du cadre, ou son cauchemar.

C’est le cauchemar occidental, imprimé au kilomètre, reproduit à l’infini.

Il faut pourtant trouver comment vivre autrement, sans colère ni rancune ni condescendance. Devenir un rayon chaud de lumière, procurer de la joie et du plaisir – faire acte héroïque, peut-être.

Trouver sa bonté, et abolir sa mesquinerie.

Faire pousser un arbre, puis une forêt. Faire fleurir le désert.

Oasis
Oasis is good !

Giono, dans L’homme qui plantait des arbres, écrit :

La création avait l’air, d’ailleurs, de s’opérer en chaînes. Il ne s’en souciait pas ; il poursuivait obstinément sa tâche, très simple. Mais en redescendant par le village, je vis couler de l’eau dans des ruisseaux qui, de mémoire d’homme, avaient toujours été à sec. C’était la plus formidable opération de réaction qu’il m’ait été donné de voir. […]

Le vent aussi dispersait certaines graines. En même temps que l’eau réapparut réapparaissaient les saules, les osiers, les prés, les jardins, les fleurs et une certaine raison de vivre.

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