La vie comme un parcours initiatique

Notre vie vaut mieux que la succession des journées qui la composent

Vision holiste de la vie : ce qui donne du sens, du liant, et fait que l’on ne se répète pas à l’identique jusqu’à notre mort, c’est la recherche de sens.


Une bande annonce délicieusement 90’s

Sisyphe, appliqué à notre quotidien, c’est le confort de la routine en charentaises. Le « bonheur » du péquenot. La vie fantasmée des « petits bonheurs » simples. La médiocrité au rang d’idéal. C’est un rabaissement de l’idée de vivre comme un homme, un autre infini à la portée des caniches (Céline).

C’est un singe en hiver, qui n’a jamais connu l’été, ni goûté à l’ivresse de la quête du grandiose – même, et surtout, si cette quête est vouée à l’échec et à la chute.

Car notre nature, au fond, s’accomplit dans la grandeur et la décadence, et non dans le ronron homogène et las du chat domestique.

Un Singe En Hiver
Deux Singes en Hiver

 

Pourtant, il faut le préciser, rien de grand ne peut se faire sans routine. Mais dans ce cas, la routine n’est pas désirée pour elle-même, mais constitue un moyen nécessaire à la réalisation de ce que l’on projette. En tant que moyen, elle est passagère : elle disparaît d’elle-même dès lors que ce qui devait être fait est fait.

Certains diront que quelle que soit la routine, elle est toujours employée comme moyen : on travaille pour gagner sa vie, donc manger, se loger, profiter de loisirs (partir en vacances durant ses congés) et préparer sa retraite. Or, je dis que si l’on parle de moyens, il faut les mettre en rapport aux fins auxquelles ils aboutissent : dans le cas précédent, il semble que la routine dépasse les finalités envisagées. D’une part, parce que la routine n’est interrompue que de courtes périodes elles-mêmes planifiées et routinières et sans autre finalité que la rupture provisoire de la routine, et d’autre part, parce que la seule rupture définitive de la routine est le fait d’entrer dans une autre routine : la retraite – qui est elle aussi une fuite de la première routine. Donc, un moyen qui sert de moyen pour se détruire lui-même, n’a pas de finalité et est une absurdité.

 

Quant à ce qui est grand, cela n’exclut personne, c’est-à-dire aucun être humain. Ce qui est grand est subjectif : il appartient à un individu souverain. C’est l’expression même de notre individualité, ou subjectivité, qui tente de se dépasser elle-même, selon ses propres inclinations au dépassement.

Cela réconcilie donc les matérialistes avec les idéalistes autour d’une condition commune : avoir faim, la volonté de volonté, ou encore l’idée que l’on se fait du surhomme. C’est la radicalité humaine qui s’exprime en des formes hétérogènes :

Get Rich Or Die Tryin'
Get Rich Or Die Tryin’ – 50 Cent

50 Cent en est un exemple gangsta. Les rappeurs francophones se sont fait l’écho de cette gangstattitude (NWA : Niggaz Wit Attitudes) qui n’est autre qu’une aspiration capitalisto-machiste de leur volonté de volonté :

Qu’est-ce qui fait courir les scar-las ? Sexe, pouvoir et biftons ! Si le respect passe par là…

– Ärsenik, Sexe, Pouvoir et Biftons (j’aimerais que Ärsenik me remercie de les sortir de l’oubli !)

Par extension, et alors que le gangsta-rap paraît désuet et ressemble à une posture de bad boy pour midinettes, c’est la même forme de conservatisme macho imprégné de frustration qui s’exprime dans le fanatisme religieux auquel cèdent des jeunes perdus.

De mon côté, ces variations capitalisto-putassières me laissent de marbre, mais il est intéressant de les prendre pour exemple car il me semble qu’elles représentent les seules radicalités ouvertement revendiquées de nos jours. Car pour la majorité, soit le conformisme et la routine règnent, soit c’est l’indignation stérile qui sait dire « non » mais ne dit jamais « oui » : dans les deux cas, un relativisme qui prime la subjectivité volontaire. Car la majorité refuse de prendre la responsabilité du risque intrinsèque lié à la recherche de grandeur : la décadence – le retour au primitif, en soi, par soi et pour soi.

Adopter la maxime de Kinky Friedman (malencontreusement attribuée à Charles Bukowski) :

Find what you love and let it kill you

Que l’on devrait transformer en question : ai-je trouvé ce que j’aime, et suis-je en train d’y accorder tout le temps et l’attention nécessaires (c’est-à-dire, tout ce que je possède de ma vie) ?

Voilà ce en quoi l’apprentissage de la vie devrait consister : un parcours initiatique qui prépare humainement, c’est-à-dire avec amour et grandeur (dignité humaine), à la mort.

Or, on n’en apprend rien dans les salles de classe.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.