Raison, secret et mensonge d’Etat

De la raison d’Etat au secret d’Etat, et du secret d’Etat au mensonge d’Etat, les pas peuvent être rapidement franchis.

C’est une habitude qui a été prise, ou plutôt a été héritée : les gouvernants de démocraties ont adopté, par atavisme, certains modes de fonctionnement des monarques qui les ont précédés.

Autre bizarrerie : en passant d’un régime despotique à un régime démocratique, la population ne s’est pas plus que ça offusquée que les secrets restent bien gardés. On se dit que la raison d’Etat le nécessite, et comme désormais, en démocratie, l’Etat travaille pour le peuple, il n’y aurait pas de conflit : si les moyens employés restent les mêmes, peu importe, car ce qui compte, ce sont les fins auxquelles ils sont employés.

Mais ce faisant, non seulement on justifie l’adage périlleux et néfaste selon lequel la fin justifie les moyens, mais en outre on admet et on entérine le fait qu’il y a une séparation dans l’Etat entre le gouvernement et la population. Ou, en d’autres termes : qu’il est justifié que le gouvernement en sache plus que la population et la laisse dans l’ignorance de certains faits, car « c’est pour son bien« .

Et on comprend dès lors à quel point un tel raisonnement devient dangereux pour une démocratie, car la raison d’Etat devient raison gouvernementale, ou raison du pouvoir temporel, qui se substitue à la vigilance nécessaire du peuple. Nietzsche parle de « monstre froid », et Kant fustige la paresse consistant à déléguer les affaires les plus importantes et vitales à autrui – et qu’y a-t-il de plus important, de plus impérieux pour un citoyen, que d’exercer son pouvoir de contrôle sur le pouvoir temporel (le gouvernement) ?

Le secret d’Etat : exemples variés et coutumiers

Le secret d’Etat fait tellement partie de notre horizon que nous n’y prêtons même plus attention. Le cinéma regorge d’œuvres mettant en scène des barbouzes diverses qui sont occupées à élaborer de complexes machinations, puis à tenter de les étouffer, avant qu’un chevalier blanc ne sauve la situation en faisant éclater la justice.

Ainsi, l’Etat est sauvé de lui-même grâce à la vigilance heureuse de ses concitoyens.

C’est un thème très cher aux Etats-Unis, dont les citoyens ont une méfiance habituelle à l’égard de l’Etat fédéral, coupable supposé de nombreux maux. L’esprit d’indépendance pionnière qui persiste dans certains Etats américains, à tendance anarcho-traditionaliste, est aussi salvateur et utile quand il impose son culte de la liberté individuelle aux intérêts d’un Etat spoliateur (la raison d’Etat étant soumise aux nombreux lobbys et corruptions qui persistent même en démocratie, elle devient souvent pragmatisme ou népotisme d’Etat…), qu’il peut devenir nuisible et source de discorde insensée quand il sombre dans le complotisme.

 

Wikileaks nous dit tout sur la Grèce…

Récemment, j’ai disserté sur le cas Grec et évoqué les réunions secrètes bien vite éventées. Hollande lui-même se livre sur ce cas à une certaine discrétion, telle que la relève cet article qui ouvre un nouveau volet des révélations de Wikileaks (notez l’emploi du mot « discrétion » et non pas « secret » – tout est dans la nuance) :

«C’est le premier gros dossier qu’il trouve en prenant ses fonctions», se souvient un ex-collaborateur du chef de l’Etat. Donc rien d’étonnant à ce que Hollande demande à son Premier ministre de convoquer une réunion «secrète» avec ses ministres concernés pour évaluer la situation. Pourquoi «secrète»? Tout simplement parce qu’inscrire à l’agenda officiel une telle réunion risquerait de crédibiliser le risque d’une sortie de la Grèce de la zone euro et donc d’alimenter une panique boursière.

Comme si « les marchés » étaient des perdreaux de l’année ! Ils en savaient et en comprenaient certainement plus sur la situation grecque que le Président qui venait tout juste de prendre résidence à l’Elysée ! Pauvre Hollande, il croyait provoquer « une panique boursière » à lui tout seul, à cause d’une réunion avec son prof’ d’Allemand… Si panique boursière il avait dû y avoir, c’était pour son élection !

«Et quand il faut échanger des informations confidentielles qui relèvent du secret d’Etat, cela se fait toujours dans son bureau, en tête à tête avec le ministre concerné», confie un ex-collaborateur.

Qu’est-ce que le « secret d’Etat » entre un Président et un de ses Ministres ? Car on ne parle pas ici de politique étrangère :

« Pour tous les sujets sensibles, qui relèvent de la sécurité intérieure ou de la défense nationale, il utilise un portable spécifique, à la ligne totalement sécurisée. Même chose quand il téléphone à ses homologues étrangers. »

Dans cet exemple, on n’apprend rien de fondamental ni que l’on ne savait déjà en ce qui concerne les divergences de point de vue entre Merkel et Hollande sur la question grecque. A quoi peut bien servir le secret d’Etat, si ce n’est pour préparer des coups en douce ?

 

Les Républicains réfléchissent à leur projet politique concernant l’Islam en France

En juin 2015, le parti qui restera sans doute dans l’Histoire comme portant le nom le plus ridicule de la Ve République, Les Républicains, se réunit à huis clos pour parler du sujet qui fâche : l’Islam.

Communiqué des deux organisateurs, Henri Guaino et Gérald Darmanin : « Cette journée ne fera l’objet d’aucune communication sur le contenu des échanges, ni sur les enseignements auxquels ils pourraient conduire »

Aucune communication, on vous dit ! Ni sur le contenu, ni sur les enseignements ! Or, il me semble que les partis politiques sont un bien public, puisque financés par le public ? Et qu’à ce titre, tout citoyen devrait être fort intéressé par le contenu et les enseignements que des colloques financés par ses deniers charrient. Qui plus est, lorsqu’il s’agira de voter en toute connaissance de cause pour tel ou tel parti.

Je serais un militant LR (oui, d’accord, l’hypothèse est osée), je n’aimerais pas ça du tout, qu’on me cache la teneur des débats qui animent mon parti. Mais Les Républicains, c’est surtout Les Conservateurs Au Garde A Vous (Les CAGAV) qu’il faudrait les appeler…

 

Les réunions des glands de ce monde (où t’es pas convié, quoi…)

Autre exemple : les réunions stupides (comme celle-ci : le groupe Bilderberg), où il ne se dit sans doute rien d’important (même Juppé y participe, c’est dire !), qui sont autant de clubs et de coteries pour soigner son entregent :

« Allant de l’intelligence artificielle, à la situation grecque ou encore iranienne. Des discussions se tiendront aussi sur le terrorisme, les élections américaines et la Russie. Les travaux ne seront pas publics. Les invités s’engagent à ne rien révéler des quatre jours passés ensemble.« 

Mais on cultive le sceau du secret comme ça on a l’air super fins dans l’entre-soi occidental – uniquement des participants venant d’Europe et d’Amérique du Nord, on a dit « pas de baskets, de sandales ni de babouches ». Du coup, puisque Juppé y va : une bonne raison de ne jamais voter pour lui !

 

Le trop célèbre secret des affaires

L’expression en est devenue idiomatique. Elle n’en est pas pour autant juridique. « Mais rectifions cela ! » s’exclama le duo Macrhollande qui tenta de sortir un projet de loi dans ce sens début 2015. Bon, là, les journalistes ont un peu fait la gueule, parce qu’on les mettait au chômage technique :

Mercredi 28 janvier, des journalistes comme Elise Lucet et Edwy Plenel, des émissions de télé comme Cash Investigation, Spécial Investigation, Enquête Exclusive et des sociétés de journalistes (AFP, Le Monde, TF1…) avaient signé un texte commun prenant à partie la loi Macron actuellement en débat à l’Assemblée

L’objet de leur colère? Un amendement sur le secret des affaires qui pose problème à ces représentants de médias. Pourquoi? Il réduirait considérablement leur capacité d’enquête. « Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, le législateur instaure comme nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme, un ‘secret des affaires’ dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en France », écrivent-ils.

Voté par la gauche et la droite en commission spéciale, il pose le principe général de l’interdiction de violer le secret des affaires et prévoit de punir quiconque prend connaissance, révèle sans autorisation ou détourne toute information protégée à ce titre d’une peine de trois ans d’emprisonnement et de 375.000 euros d’amende.

Pourquoi on vote des choses en commission spéciale ? Vite fait, bien fait, emballé c’est pesé, en toute discrétion ? Même en pleine COP21, comme nous en informe Piketty, la France donne le piètre exemple de l’opacité avec le maintien du secret des affaires pour ses grandes multinationales (ah ! que ne ferait-on pas pour ses fleurons industriels…).

Mais il n’y a pas qu’en France qu’on a de bonnes idées. Même les technocrates européens s’y mettent (tu parles, une idée de génie comme ça, ils n’allaient pas la laisser passer !). Heureusement, l’investigatrice Elise Lucet est là pour sauvegarder son emploi (je raille, mais j’adhère bien entendu à la démarche) :

« notre métier consistant à révéler des informations d’intérêt public, il nous sera désormais impossible de vous informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique de nos pays », conclut-elle. La journaliste va plus loin en soulignant qu’avec cette directive, il y aurait eu peu de chances d’entendre un jour parler du « scandale financier de Luxleaks », des « pesticides de Monsanto » ou encore du scandale du vaccin Gardasil. »

Résultat des courses ? On attend depuis mi-juin 2015… la leeeeeeeeenteur européenne dans toute sa splendeur !

Et puis de toute façon le secret des affaires, tout le monde s’en fout aujourd’hui… le cynisme a gagné, on vend des armes et on délocalise la misère à visage découvert, et personne ne moufte, alors à quoi bon ? L’argent n’a pas d’odeur.

 

Le secret de l’école buissonnière

Le bien-nommé Buisson cachait son jeu ! Avec son petit dictaphone, il a failli créer un véritable Watergate ! Écouter les réunions très secrètes de la Sarkozye, oh là là, mazette, qu’allions-nous apprendre qui allait ébranler le sommet de l’Etat et faire effondrer toute la République comme un chateau de cartes !

De fait, on a pas été déçu ! Discussions ridicules avant et après les réunions, petits ragots et mesquineries entre amis. Je vous laisse consulter ces inepties, rien ne vaut la peine d’être reproduit.

Du contenu des dites réunions, on n’apprendra rien, car il n’y a certainement rien à savoir : le business-as-usual de la politique politicienne, on le connaît par cœur, il n’émeut plus personne ! Quel vacarme pour du vent ! Au moins, ça a fait vendre des journaux

 

La bonne vieille propagande de guerre

Quoi de mieux pour déclencher une guerre que d’agiter quelques torchons rouges ? C’est sans doute au sein des affaires militaires que raison, secrets et mensonges d’Etat se confondent le mieux. Quelques histoires connues parmi tant d’autres :

Dresser l’exhaustivité d’une telle liste serait une entreprise fort longue et périlleuse, car le mensonge et la vérité sont indiscernables, camouflés dans un épais brouillard de guerre… Ce que l’on finit par apprendre, on l’apprend souvent bien tard et on ne sait jamais pourquoi l’information remonte à la surface au moment précis où elle remonte, ni qui a eu finalement intérêt à la divulguer.

 

Les écoutes de l’Elysée : on m’aurait menti ?

Concert de vierges effarouchées (pour les amateurs). On avait eu le cas du fasciste-déportationniste-exterminateur-dépeceur-d’enfants de Béziers Robert Ménard, on a le cas des méchants services secrets aux grandes oreilles américains.

Dévoilé par Wikileaks en juin 2015, on apprend que la NSA a espionné les trois derniers présidents français (voir articles ici, et ).

« Le fait que je sois sur écoute, ça fait longtemps que je me le dis. Avant même d’être ministre » – Stéphane Le Foll

Je veux pas te faire de peine, Stéphane, mais avant que tu ne sois ministre, personne ne savait que tu existais en France ! Alors vu d’Amérique… tu sais, la Sarthe, c’est pas fondamentalement une zone géostratégique prioritaire

« Et une nouvelle fois nous redécouvrons que les Etats-Unis n’ont pas d’alliés, ils n’ont que des cibles ou des vassaux. » -Jean-Jacques Urvoas

Allez hop ! Un peu d’anti-américanisme primaire, ça soigne bien l’électorat bêlant ! Tout le monde s’y met, comme d’habitude (ils sont payés pour ça, faut dire, drôle de job…) :

« C’est vraiment déloyal et inamical »

Les mêmes protestations, au mot près, ont été formulées par l’opposition. Dans l’entourage de Nicolas Sarkozy, lui aussi visé durant son quinquennat par des écoutes ciblées, on a vivement condamné l’espionnage américain. Dans la soirée de mardi, l’ancien chef de l’Etat a dénoncé, selon son entourage, « des méthodes inacceptables en règle générale et plus particulièrement entre alliés ».

« C’est très choquant. Cette affaire est scandaleuse », a renchéri l’ex-ministre François Baroin, sur RMC.

 

Kouchner met un peu de rationnel dans cette affaire :

[Kouchner] relevait que c’est plus l’ampleur du programme d’écoute américain qui l’avait choqué que le programme en lui-même :

«Mais soyons honnêtes, nous écoutons aussi. Tout le monde écoute tout le monde. Simplement nous n’avons pas les moyens des États-Unis, ce qui rend jaloux.»

 

Et pour boucler la boucle, Merkel, elle aussi écoutée, jouait (comme tout ce petit monde, probablement) double-jeu :

Cela fait maintenant deux ans qu’Angela Merkel traîne avec elle le scandale de la NSA. D’abord dans le rôle de la victime, lorsqu’en 2013, l’opinion allemande, choquée, apprend que les Américains ont écouté jusqu’au téléphone portable de leur chancelière. Puis dans un rôle plus trouble, depuis les révélations de mai dernier qui ont révélé que les services de renseignement allemands, le BND, ont espionné pour le compte de la NSA les institutions européennes, des diplomates européens, le Quai d’Orsay et quantité d’entreprises, dont Airbus. En gros, la NSA passait ses commandes au BND sous forme de mots-clés, jusqu’au jour où – en 2005 – un agent allemand s’est étonné du peu de rapport entre les demandes américaines et la sécurité commune. […]

Les Allemands se livrant à de l’espionnage industriel pour le compte des Américains ? L’affaire est plus qu’embarrassante : le BND est placé sous la tutelle directe de la chancelière. Soit Merkel n’a pas le contrôle sur ses services secrets, manipulés à leur guise par les Américains, soit elle a menti en assurant n’avoir rien su des agissements des stations d’écoute de Bad Aibling, en Bavière.

Bref, tout le monde écoute tout le monde ! Le secret est tellement bien gardé que les seuls qui ne sont pas au courant, c’est nous, la populace, les bonnes poires ! Ces gouvernants ont sans doute oublié que c’est par et pour le peuple qu’ils ont été institués… il s’agirait peut-être de leur rafraîchir la mémoire !

« Il importe de toujours chercher à se protéger, sans angélisme », note un collaborateur du chef de l’Etat, qui précise : « Si j’ai quelque chose d’important à dire au président, je vais dans son bureau. »

Et pour quelque chose d’important à dire aux Français ? On fait comment ?

 

La démocratie remise en cause, sérieusement

Il semble que l’on ait globalement affaire à une extension injustifiée du domaine du secret, réservé d’ordinaire aux affaires, à la technologie et à la tactique (interventions diverses nécessitant pour d’évidentes raisons le sceau du secret), non au stratégique et aux intentions politiques, car ces deux dernières catégories sont le fondement de la démocratie. Expliquer, montrer, révéler à une population un certain nombre de faits et d’enjeux pour lui demander son opinion sur la question devrait être la norme. Mais ce n’est pas le cas : on se tourne plus volontiers, et discrètement, vers des experts ou des oracles ; la politique consiste alors à faire accepter à la population ce que l’on a déjà décidé en coulisses, pour son bien. C’est un jeu de dupes, proprement antidémocratique.

En engendrant d’une part la machine à fantasmes et les théories du complot, et d’autre part en déresponsabilisant et en confortant dans sa paresse le citoyen (qui se sent dédouané de toute obligation d’interpellation ou de prise de décision), les secrets d’Etat constituent une arme de destruction massive de la démocratie.

 

Mais au final, que révèlent ces secrets, sinon qu’il n’y a pas de secret ? Dans ce cas, pourquoi faire des secrets, si l’on sait qu’ils n’existent pas ? S’il y a le « off » en permanence, notamment avec les politiques qui font des « confidences » aux journalistes afin de servir leurs intérêts, ou « donnant-donnant » ?

Le Washington Post indiquait que « le système international est, et a toujours été, fondamentalement antagoniste, même entre alliées. Pour paraphraser Lord Palmerston, les pays n’ont pas d’amis, ils ont des intérêts. »

Certes, on peut le comprendre. Mais ce que l’on comprend moins, c’est qu’un pays soit antagoniste avec lui-même. Cela dévoile un fait probant : que les gouvernants se détachent de leur population.

Mais même en ce qui concerne les opérations de guerre, de sécurité intérieure et la politique étrangère, il n’y a qu’une infime partie qui nécessiterait de rester secrète.

On accepte trop facilement des gouvernements de connivence, hors sol :

  • les conseillers politiques sont nommés par le fait du Prince (et quels sont leurs échanges ? Il n’y a aucun contrôle ni compte-rendu),
  • la diplomatie ambivalente dont la stratégie n’est jamais établie clairement (le cas des armes livrées par Hollande en Syrie, ou le cas Ukrainien), dont la doctrine, les moyens, les objectifs et les résultats sont masqués aux citoyens au nom d’intérêts bien compris (par qui ?),
  • l’utilisation des sondages et les questions posées à des fins électoralistes (raison d’Etat politicienne contre véritable raison démocratique),
  • les interventions policières (durant les manifestations) : si l’on ne peut évidemment pas les annoncer, au moins indiquer a posteriori les actions qui ont été entreprises, les résultats obtenus et les fonds dédiés,
  • idem pour services secrets, idem pour surveillance (voir la loi Valls sur le renseignement : combien ont été surveillés, pour quels résultats, combien de faux suspects et de vrais découverts ?)

 

Plus de transparence, une nécessité

Réclamer plus de transparence, c’est vouloir plus de démocratie. Cela apparaît comme une évidence.

Plus d’opacité, c’est toujours plus de défiance de la part du citoyen, qui se sent dépossédé de son droit, mis à l’écart et de moins en moins concerné par la politique.

Arrivent les raisonnements complotistes, car la nature a horreur du vide, et les replis nationalistes, dont les raisonnements simplistes et simplificateurs font écho auprès de populations ayant subi des années d’infantilisation déresponsabilisante et de privation d’information brute (dénuée de tout rideau de fumée propagandiste et clientéliste).

S’il y a consensus sur le fait que les politiciens doivent cesser de mentir (voir le sondage ci-dessous : « arrêter de nous mentir » arrive en tête des attentes des sondés, avant la problématique conjoncturelle de l’arrivée des migrants), qu’en est-il de l’exigence de transparence, c’est-à-dire de demander que l’on cesse les dissimulations ?

songade sept 2015 priorites politiques
Sondage concernant les priorités politiques pour le mois de septembre 2015 (source : Le Point)

 

Il ne faut pas attendre le bon vouloir de ces messieurs-dames, mais exiger qu’ils nous rendent des comptes. Car il est étonnant, mais significatif d’une pensée majoritairement répandue, que l’on désigne les citoyens d’une démocratie comme des administrés. Dans les entreprises privées, on nomme administrateurs les membres du conseil d’administration qui, représentatifs de l’actionnariat de l’entreprise, ont les pouvoirs de nommer et de révoquer les dirigeants (Président, Directeur Général…).

On devrait donc urgemment requalifier les citoyens en administrateurs, administrant activement les faits et gestes de ceux qu’ils désignent (par voie électorale) comme dirigeants de la société. Ce changement de paradigme remet le citoyen au centre de ses responsabilités, comme acteur principal de la vie publique. L’élu doit reprendre sa place d’émissaire aux ordres des citoyens – chose qu’il a tendance à oublier et que la forme passive du terme « administré » ne fait que conforter.

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