Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut préciser ceci en préambule : quel que soit son statut, un Occidental est un insider ; il fait partie de cette frange minoritaire de la population mondiale qui dispose de plus de droits et de plus de libertés que son alter-ego non-Occidental. Il a avec lui un passeport efficace, qui lui offre le loisir d’errer d’Est en Ouest et du Nord au Sud sans jamais porter la marque du migrant ou du réfugié.
Ainsi, lorsque l’on parle de pauvreté, il faut toujours savoir de quelle pauvreté il s’agit, et de qui elle est le bourreau.
Ces précautions étant posées, je peux désormais me mettre sereinement au chevet de mes compatriotes pour écouter leurs sanglots longs : leur sentiment de déclin et leur peur du déclassement, qui ne sont autres que la peur de perdre. Or, pour avoir peur de perdre, il faut encore avoir :
C’est pourquoi ceux qui n’ont rien vivent souvent dans l’espoir, et ceux qui ont tout vivent fréquemment dans la peur.