La richesse des sociétés dans lesquelles règne le mode de production capitaliste s’annonce comme une « immense accumulation de marchandises ».
– Karl Marx, Le Capital
Ainsi Marx introduit-il l’œuvre de sa vie : le capitalisme comme processus d’accumulation de marchandises. Mais peut-on en rester là, à cette définition « de combat », militante ? Car c’est sous la plume des socialistes communistes Marx et Engels que naît cette définition toute particulière du capitalisme : il est étonnant et notable que l’on n’ait jamais contesté la paternité du sens de ce terme à ceux-là mêmes qui en font la critique !
A vrai dire, il y a un grand nombre de sens que revêt le mot « capitalisme », mais aucun ne plaide pour lui : rien ne semble pouvoir sauver ce vilain petit canard… Même Fernand Braudel, grand historien du capitalisme notamment, a contribué à l’opprobre ; dans La dynamique du capitalisme, il déclare :
Vous ne disciplinerez, vous ne définirez le mot capitalisme, pour le mettre au seul service de l’explication historique, que si vous l’encadrez sérieusement entre les deux mots qui le sous-tendent et lui donnent son sens : capital et capitaliste.
Le capital, réalité tangible, masse de moyens aisément identifiables, sans fin à l’œuvre ; le capitaliste, l’homme qui préside ou essaie de présider à l’insertion du capital dans l’incessant processus de production à quoi les sociétés sont toutes condamnées ; le capitalisme, c’est en gros (mais en gros seulement), la façon dont est conduit, pour des fins peu altruistes d’ordinaire, ce jeu constant d’insertion.
Il y a dans cette citation énormément d’idées qui méritent d’être reprises et développées, ce à quoi je vais me livrer ici. Pour conclure, on verra si, fidèle au conte, le vilain petit canard ne finit pas par se transformer en cygne (l’espoir fait vivre !).