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L’Etat – ce monstre froid (Nietzsche) : comment changer le monde

Il y a quelque part encore des peuples et des troupeaux, mais ce n’est pas chez nous mes frères, chez nous il y a des États.

État, qu’est-ce que cela ? Allons ! ouvrez vos oreilles, je vais vous parler de la mort des peuples.

L’État, c’est le plus froid de tous les monstres froids. Il ment froidement et voici le mensonge qui rampe de sa bouche : « moi l’État, je suis le peuple ».

C’est un mensonge ! Ils étaient des créateurs ceux qui créèrent les peuples et qui suspendirent au-dessus des peuples une foi et un amour : ainsi ils servaient la vie. Ce sont des destructeurs ceux qui tendent des pièges au grand nombre et qui appellent cela un État : ils suspendent au-dessus d’eux un glaive et cent appétits.

Partout où il y a encore du peuple, il ne comprend pas l’État et il le déteste comme le mauvais œil et une dérogation aux coutumes et aux lois.

– Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

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Les Ménines

Dans Les Ménines, chef-d’œuvre de Velázquez, le peintre s’immortalise observant le couple royal, que nous apercevons dans le miroir. Mais aujourd’hui, c’est nous qu’il regarde, et nous qui serons bientôt dans le miroir du passé. Happés par la toile, happés par le temps. Invités par ce noir personnage au fond à pénétrer dans la lumière, vers l’inconnu. Gardés par le chien Cerbère, tandis que les gamines jouent – au présent.

Les Ménines - Velazquez
Les Ménines – Velazquez

La toile m’inspire une critique acerbe et ironique du pouvoir temporel : car il n’y est pas représenté en majesté, mais en médaillon, dans le lointain et vaporeux reflet du miroir. Ce pouvoir semble infime, mais pourtant la taille du tableau en cours de réalisation atteste de l’importance qu’on lui accorde – à tort ?

Certains portraits sont par eux-mêmes des contestations ; c’est qu’ils sont faits du dehors et sans passion par un peintre qui refuse toute complicité avec son modèle.

– Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?

 

Je ferais un affront à l’histoire de l’art si je n’incluais pas la version revue et corrigée par Philippe Geluck (enfin, c’est mon interprétation de ce dessin) :

Les Ménines - par Philippe Geluck
Les Ménines – par Philippe Geluck