La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres
Vision conservatrice qu’évoque ce proverbe, car il donne raison à l’héritage des libertés : les bien nés restent bien nés (plus libres que d’autres), puisqu’il est interdit d’empiéter sur leur liberté. La justice dans l’acquisition des libertés ne posant pas question, l’ordre établi ne saurait donc jamais être remis en cause.
Or, ce proverbe est en réalité une version édulcorée et trop simpliste de l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 (article sous totale influence rousseauiste) :
La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la Loi.
Ce qui suit « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui » nous éclaire sur le sens réel de l’article : « la jouissance de ces mêmes droits » – soit l’égalité en droits !
Il faudrait donc rectifier le proverbe comme suit :
A condition que l’égalité des libertés soit garantie à chacun, la liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres
Il serait encore plus intéressant de troquer cette liberté conservatrice pour une réciprocité morale libertaire.
Il est une autre phrase tronquée célèbre, qui montre aussi comment le débat est volé par des manipulations plus ou moins volontaires.