Archives par mot-clé : liberté

Liberté selon Arendt

Selon Hannah Arendt, la chose est entendue : la liberté, c’est la politique (et inversement). Elle écrit précisément :

Le sens de la politique est la liberté.

– Hannah Arendt, Qu’est-ce que la politique ? (éditions Seuil)

Ce faisant, Arendt opère un renversement par rapport à la tradition philosophique qui définit, depuis Platon ou Parménide selon elle, la politique comme « un moyen en vue d’une fin supérieure ». Elle résume ainsi ce postulat trompeur :

La politique, à ce qu’on dit, est une nécessité absolue pour la vie humaine, aussi bien pour la vie de l’individu que pour celle de la société. […] La tâche et la fin de la politique sont de garantir la sécurité de la vie au sens le plus large. Elle permet à l’individu d’atteindre ses fins dans le calme et la paix, c’est-à-dire sans être importuné par la politique – peu importe les sphères de la vie dont relèvent ces fins que la politique doit garantir, qu’il s’agisse au sens antique de permettre à un petit nombre de s’adonner à la philosophie, ou qu’il s’agisse au sens moderne de garantir au grand nombre la vie, un gagne-pain et un bonheur minimal. C’est parce que […] cette vie en commun réunit des hommes et non des anges que le souci de l’existence suppose un Etat qui détienne le monopole de la violence et qui empêche la guerre de tous contre tous.

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Plasticité du cerveau

Étant donné que je ne suis ni neurochirurgien ni neurobiologiste, je ne vais pas m’étendre sur un éventuel état de l’art scientifique de cette discipline, mais j’aborderai ce sujet sous l’angle fondamental de la compréhension de notre subjectivité et de notre responsabilité en tant qu’individus capables de libre arbitre :

La plasticité neuronale

Cerveau
Cerveau en mouvement : tempête sous un crâne

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La condition de l’homme préhistorique contemporain

J’ai toujours le sentiment de tailler le biface dans la caverne.

 

Taille du biface
Taille du biface en sous-vêtements, par une chaude journée d’été

En quoi différons-nous de l’homme préhistorique ? Notre existence est-elle si différente ?
Nous avons ce fait nouveau, pour les plus chanceux d’entre nous : la certitude de notre subsistance, par l’octroi de droit d’un ensemble de moyens sécuritaires, alimentaires et médicaux garantis par la société dans laquelle nous vivons. Mais au profit de quoi, sinon ce profit lui-même ? Car on a fait société d’abord pour s’assurer de combler ces besoins primaires. Les projets idéologiques (« utopies » au sens commun, auquel je ne souscris pas) sont venus après, et il semble qu’ils ont tous mené à l’impasse en étant abandonnés ou trahis.

Un homme automatiquement nourri, soigné et protégé contre l’agression se retrouve face à lui-même, et ce face-à-face lui impose de se forger une colonne vertébrale idéologique, c’est-à-dire un socle de valeurs qui conditionne ses choix et son mode de vie, et institue les termes initiaux des rapports entretenus avec les individus qui ont souscrit à ce même socle idéologique.

Ce socle de valeurs évite de se sentir étranger partout, y compris à soi-même.

Mais, comme l’écrit La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire :

On ne regrette jamais ce qu’on n’a jamais eu. Le chagrin ne vient qu’après le plaisir et toujours, à la connaissance du malheur, se joint le souvenir de quelque joie passée. La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne.

Disons donc que, si toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue, seul reste dans sa nature celui qui ne désire que les choses simples et non altérées. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude.

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Mes libertés – travaux pratiques

Puisque la science nous confirme (mais avait-on vraiment besoin de la science pour enfoncer une porte ouverte ?) que l’homme peut changer sa personnalité, on pourra se livrer à quelques travaux pratiques d’expression de nos libertés.

Cerveau
Il est temps d’aller malaxer tout ça !

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Ma nourrice me tue ! – Témoignage d’un adulte que l’État voulait empêcher de quitter son giron

L’Etat-providence est-il une nourrice bienveillante ou une mère castratrice ?

En réalité, la réponse à cette question n’a que peu d’importance, car dans les deux cas, c’est notre responsabilité que l’on nous retire. Or :

La responsabilité est l’expression de la dignité humaine

Car si je ne suis responsable de rien, comment pourrais-je être digne de quelque chose ?

Pitié donc, ne nous laissez pas avec cet Etat-Fanny-au-gros-cul, qui ne fera de nous que de la mauvaise graine ! Freddie Mercury le chante si bien :

Left alone with big fat Fanny / She was such a naughty nanny. Heap big woman, you made a bad boy out of me !

 

 

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Arbeit macht frei – enfin, presque !

A la suite d’Alain et d’Aristote, mais contrairement au Sisyphe de Camus et bien entendu aux sweatshops ou aux camps de concentration (est-il utile de le préciser ?), on peut concevoir le travail libre comme une forme de liberté.

Arbeit macht frei
Le travail rend libre – enfin, pas dans ces conditions !

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Le travail libre

C’est l’idée que développe Alain entre une lecture d’Aristote et une interprétation de la Volonté de Puissance nietzschéenne :

Aristote dit cette chose étonnante, que le vrai musicien est celui qui se plaît à la musique, et le vrai politique celui qui se plaît à la politique

– Alain

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Liberté selon Bakounine

Je ne suis vraiment libre que lorsque tous les êtres humains qui m’entourent, hommes et femmes, sont également libres. La liberté d’autrui, loin d’être une limite ou la négation de ma liberté, en est au contraire la condition nécessaire et la confirmation. Je ne deviens libre vraiment que par la liberté d’autres, de sorte que plus nombreux sont les hommes libres qui m’entourent et plus profonde et plus large est leur liberté, et plus étendue, plus profonde et plus large devient ma liberté.

– Bakounine

C’est pour moi la forme « défensive » de la liberté : la responsabilité envers les autres et le sentiment que sans la liberté des autres, il n’existe pas de liberté pour soi.

C’est un rapport au monde qui détermine aussi le sentiment de « bonheur » ou de « quiétude » (par opposition à « angoisse » ou « intranquilité ») que l’on peut éprouver de manière diffuse et constante.

Mes libertés

La liberté est un état d’équilibre instable

Je pense en effet que la liberté est comme une balance secouée de perpétuelles oscillations, ou comme un élastique résistant à des forces centrifuges sans céder.

L’inverse pourrait être représenté comme une balance qui n’oscille plus, soumise à un corps mort qui l’asservirait asymétriquement dans un extrême ou l’autre. C’est l’affaissement des tensions, l’aboulie. C’est la pente douce de la facilité et de nos préjugés que nous empruntons trop souvent. Or il faut aller contre cette pente, contre soi pour être libre (quelques exemples concrets ici).

Car la liberté réside dans un état de tension envers et contre le monde et soi-même, et non pas dans un accord trop aisément falsifiable avec une « droiture en soi » ou un très hypothétique « choix délibéré ».

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