Archives par mot-clé : Sartre

Qui prêcher ?

D’accord, vous avez quelque chose à dire, vous êtes un héros-citoyen qui fait son travail d’écriture. Mais pour qui faut-il écrire ? A qui allez-vous vous adresser ?

Pour soi d’abord, charité bien ordonnée commence par soi-même ; écrire permet, en premier lieu, de réifier ses idées, de les confronter à leurs mots et de lutter contre soi afin de faire émerger une chose, une production, qui n’est plus (en) soi et gagne son indépendance. La surprise de l’écrivain envers son texte est la preuve qu’il a su extraire davantage de lui-même que ce qu’il pensait connaître. C’est un dépassement de soi. Julien Gracq écrit, dans En lisant en écrivant, que les écrivains sont :

Des hérétiques enfermés chacun dans leur hérésie singulière, et qui ne veulent pas de la communion des saints [car] leur jardin d’Eden reste à jamais celui des sentiers qui bifurquent.

On doit tirer une certaine satisfaction, en croyant avoir emprunté une ligne droite (celle de son intuition), à se voir contraint d’arpenter des chemins de traverse (des idées et des faits qui nous contredisent et nous dérangent). Ce n’est pas perdre son temps en variations stériles et infinies, mais au contraire laisser l’écriture révéler nos contradictions, nos écarts, nos faiblesses – avant d’exiger de nous-mêmes que nous y remédions.

Comme l’écrivain se surprend sous sa plume (ou son clavier), comment pourrait-il raisonnablement savoir pour qui il écrit ?

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De l’importance des (re)définitions

Les deux grands intellectuels ennemis sont au moins d’accord là-dessus, et ce n’est pas moi qui vais les contredire :

La fonction de l’écrivain est d’appeler un chat un chat. Si les mots sont malades, c’est à nous de les guérir.

– Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?

 

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.

– Attribué à Albert Camus

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Faim !

Découvert et lu Faim, de Knut Hamsun.

C’est, au 19ème siècle, l’histoire d’un écrivain que des échecs répétés ont réduit à la pauvreté et que la faim tenaille et rend fou – ou extralucide.

J’y ai trouvé la mémoire de mes dix-huit ans. J’écrivais

Dix-huit ans. Ne pas manger […] profonde lassitude, profond dégoût […] Manger, remède absolu, guérison totale. Manière de contrôler mon état maniaco-dépressif, termes que je hais.

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Liberté sartrienne

Chaque personne est un choix absolu de soi

– Sartre, L’Être et le Néant

 

Il n’y a pas de déterminisme, l’homme est libre, l’homme est liberté

L’homme est condamné à être libre

L’existence précède l’essence

– Sartre, L’existentialisme est un humanisme

 

Suis-je existentialiste ? Peut-être…

Même la biologie semble donner raison à Sartre sur ce point.

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