L’espace public subit en certains lieux, ou à certains moments, des transformations qui en modifient la nature.
Initialement, l’espace public est un lieu de discrétion, permettant de se sentir libre de toute contrainte ou regard. Le confortable anonymat, étranger parmi les étrangers, dans l’égalité et l’auto-contrôle.
Mais parfois, il devient lieu de revendication, où la neutralité est perçue comme une faiblesse. L’expression de soi comme preuve de son existence, moyen de reconnaissance sociale. Faire du bruit, prendre de la place. Apostropher.
L’espace public n’est plus une zone démilitarisée et pacifiée. Il faut y entrer comme à la bataille. Le refuge : chez soi, dans l’enfermement.
Le lieu d’échanges : il n’est plus physique, mais numérique. On peut derechef y hurler ses rages et frustrations, dans l’anonymat et la sécurité recouvrés.
Ainsi, parfois, en certains lieux, on ne souhaite plus vivre. Et l’on est d’autant plus heureux d’en retrouver d’autres où la notion fondamentale d’espace public n’a pas disparu.