Archives de catégorie : Economie

Le marché a toujours raison

Dans le monde de la finance, il est une expression bien connue de tous :

Le marché a toujours raison

Et ce, même s’il a tort face à la théorie et à la raison, et même s’il se comporte de manière excessive et déraisonnable, c’est quand même lui qui, in fine, à raison : car seul le marché existe. Il dispose de la raison du plus fort.

Car le marché peut contredire à la fois les analyses théoriques macro- et micro-économiques. De toute manière, il suffit de voir les « experts » de la finance et les économistes se contredire en permanence pour comprendre que la science économique est encore loin de disposer de la précision des axiomes mathématiques et des lois universelles de la physique.

On en serait plutôt au stade de la neurobiologie : on dispose de bases solides, mais tout reste à comprendre.

Vouloir aller contre le marché, pensent les traders, c’est se comporter comme Don Quichotte face à des moulins à vent.

 

Don Quichotte
Don Quichotte contre les moulins à vent – par Terry Gilliam (réalisera-t-il un jour ce film ?)

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Saucissonnage intellectuel contre pensée systémique

On sait faire des tranches de saucisson à partir d’un porc. Mais il est impossible de recréer le porc à partir de tranches de saucisson.

Alors pourquoi s’acharner à saucissonner les enjeux du monde en autant de variations parcellaires et par conséquent partiales : sujets sociaux, économiques, juridiques, écologiques, etc.

Saucisson de cochon
Essayez de m’en faire un cochon !

Tripes de Cochon
C’est bien essayé, mais ça ne marche pas !

On voit bien qu’entre le cochon et la charcuterie, c’est une relation à sens unique !

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La Grèce et l’Europe : étude de cas clinique

Excellent article de Clément Lacombe paru dans Le Point du 4 juin 2015, « La Grèce et nous: chronique secrète d’une liaison fatale », consultable en ligne (en quatre parties : 1, 2, 3 et 4).

On parle de plus en plus ces jours-ci d’un défaut de paiement de la dette grecque, ravivant les peurs d’une sortie de la Grèce de la zone Euro – le Grexit (encore un slogan !). L’article revient sur la genèse de l’adhésion de la Grèce à l’Union Européenne et à son adoption de la monnaie unique européenne.

Drachme
Back to Drachme ?

De cette chronique, on peut tirer de nombreux enseignements sur les croyances auxquelles nous restons soumis. J’y vois même un cas clinique : l’étude de la succession des errements des différents acteurs qui nous ont mené à la désastreuse situation actuelle montre à quel point les croyances, bien plus que la rationalité, ont présidé des décisions d’importance capitale.

Mais qui sont les comédiens de cette tragédie… grecque ?

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La rhétorique ridicule des nationalistes de comptoir

Les nationalistes accusent « l’Europe ultra-libérale des anglo-saxons » et « la gouvernance mondiale hors-sol » de miner les identités nationales et de désarmer les Etats en livrant des individus interchangeables à la voracité du marché.

De manière générale, ils prônent le « choix » de se couper du monde pour ne pas perdre la bataille de la compétitivité :

Il y aurait pourtant un bon usage de l’Europe. Elle pourrait décider, si ses nations les plus importantes le voulaient, de devenir un espace de régulation économique se protégeant des importations et des délocalisations vers les pays à bas salaires. Dans ce cas, et dans ce cas seulement, après la démocratie, ce serait toujours la démocratie.

« Espace de régulation économique » : que voilà une belle expression afin d’éviter le terme protectionnisme ! Mais protectionnisme envers quoi, au juste ?

Il nous faut gagner la bataille de la compétitivité. Compétitivité de l’Europe par rapport à
l’Asie. Compétitivité de la France par rapport aux nouveaux entrants dans l’Union européenne. Faute de quoi, les « entrepreneurs », les « capitaines d’industrie » (on ne dit plus les patrons), n’auront d’autre choix, les pauvres, ils le regrettent pour nous, que de délocaliser. C’est pourquoi il faut que les salariés consentent à travailler plus et à gagner moins [tiens, récupération sarkozyste par la gauche de la gauche ?]. […] C’est pourquoi il faut démanteler le droit social […]. Et jusqu’à quand cet implacable raisonnement va-t-il s’appliquer ? C’est bien simple : tant qu’il y aura, en Chine ou dans un pays du Sud, des travailleurs plus pauvres que nous qui accepteront de faire le même travail pour moins cher… Comme il y en a
des milliards, on le voit, il y a de la marge… Ce n’est que lorsque la France sera devenue un océan de misères, qu’elle sera guérie de son insuffisance de compétitivité.

C’est donc admettre que le monde (hors de France, celui des pays en développement, Européens, Asiatiques et Africains) est un « océan de misère », et que nous, pour ne pas avoir à subir ce funeste sort, nous devrions nous protéger, fermer les frontières, etc. pour laisser les autres crever dans cette misère, pendant que l’on resterait bien au chaud dans notre confort de privilégiés !

Bref, ils font florès dans la critique à deux sous de la mondialisation et de l’économie libre de marché, pour un recroquevillement national peureux et honteux de pantouflards.

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Économie et sociologie : définitions instrumentalisantes, sciences embourbées

L’économie est l’art de faire de la politique en se cachant derrière des chiffres.

La sociologie est l’art de faire de la morale en se cachant derrière des chiffres.

Car on n’a jamais vu deux disciplines académiques être autant instrumentalisées que ces deux-ci.

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Économie de mots : économie de cerveau !

T’es qu’un produit / de supermarket
T’es supermarkété / et superformaté
T’es configuré / et paramétré
C’est fou ! Tu plais !

Comme par la production mainstream, les originalités, les alternatives, les « curiosités » seraient-elles menacées par l’hégémonie du moteur de recherche international, Google ?

Car, en tant que moteur de recherche dominant (il suffit d’aller faire un tour ici, Google écrase la concurrence avec près de 90% de part de marché dans le domaine des moteurs de recherche sur Internet), c’est Google qui édicte les lois d’un « bon » référencement (ou SEO : Search Engine Optimization), c’est-à-dire les règles que tout site Web a fortement intérêt à respecter sous peine de ne pas arriver en bonne position dans les résultats de recherche.

Est-ce que ces règles, édictées unilatéralement par ce moteur de recherche, et fréquemment modifiées, tout comme l’obligation d’adopter de « bonnes pratiques » (toujours selon Google), n’inciteraient pas à une uniformisation du Web et restreindraient la créativité, aussi bien dans la forme que dans le fond ?

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Conditionnement matérialiste : tous des ENUC ?

On connaît bien les ETP :

Equivalent-Temps-Plein

Terme qui en dit long sur la considération des Ressources Humaines pour la condition de l’individu au travail. L’interchangeabilité et la flexibilité étant des objectifs fixés par la Direction Générale à son Directeur des Ressources Humaines, la négation de l’individu et son remplacement par son Equivalent-Temps-Plein étaient inéluctables. (on dirait du Houellebecq, ce fabricant de prospectus pour le MEDEF)

Michel Houellebecq
L’expert en ressources inhumaines

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Des pingouins sur la banquise

Argent ! Argent ! A moi ! A moi !

caquettent les pingouins en file indienne sur leur ilot de glace.

L’enfer, c’est les autres, la promiscuité. Être à l’avant ou à l’arrière de la file. Pousser ou laisser passer. Accélérer.

Pingouins
Sortie du RER – La Défense, 8h45

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Ce que peut nous apprendre la nature (2) : morceaux délectables

A la suite de mon premier article sur ce thème, je souhaitais partager quelques fragments d’un article du magazine Le Point présentant un ouvrage intitulé L’abeille (et le) philosophe (éditions Odile Jacob, de François et Pierre-Henri Tavoillot) qui présente l’utilisation qu’ont fait certains philosophes de l’abeille comme sujet d’étude et de « démonstration argumentée ». Certaines illustrations sont au moins aussi cocasses que celles de Onfray (cf. cet article publié plus tôt).

D’abord, attardons nous sur le titre du livre : L’abeille (et le) philosophe. Qui sous-entend donc que l’abeille est philosophe… premier signe inquiétant d’anthropocentrisme qui annonce un festival ! Attention, donc, messieurs les penseurs, car quand l’abeille aura terminé sa thèse de doctorat, vous allez tous être mis au placard ! Vous pourrez aller butiner ailleurs si on y est !

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Combien coûte un électeur ?

Combien coûte un électeur ?

La réponse est là, dans cet article du Huffington Post.

Aspirateur à électeurs
Oubliez la stratégie politique : pour gagner les élections, investissez dans l’aspirateur à électeurs !

On peut remercier la maire de Puteaux (Mme Joëlle Ceccaldi-Reynaud, qui n’en est visiblement pas à sa première) et celles et ceux de tant d’autres communes malheureuses (témoignages bienvenus par une liste à la Prévert !) : désormais, on sait quel prix il faut payer pour acheter un électeur du troisième âge : 50 euros. Ce n’est pas cher payé. Et on  est d’autant plus étonné de constater que la vieillesse ne fait rien à l’affaire et ne fait pas mentir Brassens : quand on est con, on est con !

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