Archives par mot-clé : cynisme

Les camps du bien

En passant simplement au pluriel, en parlant des camps du bien et non plus du camp du bien, on détruit cette aberration anti-politique qui consiste à s’auto-proclamer dans le camp des vertueux, le camp de ceux qui ont toujours raison.

Cela permet aussi de s’affranchir d’un autre fantasme : puisqu’il n’existe pas de « camp du bien », alors

le camp du bien ne gagnera pas.

Cette niaiserie qui consiste à croire que l’Histoire suit un beau chemin balisé, « notre route est droite mais la pente est rude », comme l’a raffariné Raffarin, qui conduit irrémédiablement à un sommet de bonheur, vole en éclats.

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Le cynisme numérique

Voilà que nos nouvelles Rock Stars ne sont pas si rock’n’roll qu’elles en ont l’air… Bon, certes, se balader toute la journée en tongs et en sweat-shirt n’a rien de rock’n’roll, quoique…

Big Lebowski
Dans la famille du Dude, je voudrais…

zuckerberg
… le geek !

Enfin, voilà, rock’n’roll comme le Dude (The Big Lebowski), quoi… d’une coolitude démesurément cool.

Ces rock stars numériques suscitent la même fascination auprès de la jeunesse que les rock stars old-school qui hurlaient dans les micros et fracassaient des guitares sur scène. La biographie de Jimmy Iovine est d’ailleurs emblématique de cette évolution : vieux routier des studios, producteur, fondateur d’une maison de disques, hommes d’affaires (co-fondateur de Beats avec Dr. Dre) puis patron de Apple Music. Il déclare dans Wired :

Perhaps it’s no coincidence that standout technologists are referred to as “rock stars”—they’re providing the sense of connection and awe that their musical forebears once did. Teenagers used to fantasize about becoming the next Jimmy Page; now they dream of becoming the next Larry Page. They wax nostalgic about the first time they used Snapchat, not the first time they heard “Smells Like Teen Spirit.”

“If you tell a kid, ‘You’ve got to pick music or Instagram,’ they’re not picking music,” Iovine says. “There was a time when, for anybody between the ages of 15 and 25, music was one, two, and three. It’s not anymore.”

(Peut-être n’y a-t-il aucune coïncidence dans le fait que l’on qualifie de « rock stars » les génies des nouvelles technologies  – ils produisent le même sentiment de connexion et d’admiration que leurs aïeux musicaux. Les adolescents fantasmaient de devenir le prochain Jimmy Page ; maintenant, ils rêvent de devenir le prochain Larry Page. Ils deviennent nostalgiques de la première fois où ils ont utilisé Snapchat, pas de la première fois où ils ont écouté « Smells Like Teen Spirit« . « Si vous demandez à un gamin ‘choisis entre la musique et Instagram’, il ne choisira pas la musique », dit Iovine. « Il fut un temps où, pour tous les jeunes de 15 à 25 ans, la musique était l’alpha et l’omega. Ce n’est plus le cas désormais. »)

Mais si les rock stars s’étaient métamorphosés en une autre forme de rock star, il n’y aurait pas de souci. L’inconvénient, c’est que ces nouvelles rock stars ressemblent plus à leurs aînés qu’ils ne les bousculent. Ça ne sent plus tellement le Teen Spirit, mais plutôt le White Spirit conservateur et cynique (WASP) – en d’autres termes : ça pue.

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Le cynique espoir du patronat mondialisé

Le cynisme est la seule forme sous laquelle les âmes basses frisent ce que l’on appelle la sincérité.

– Nietzsche, Par-delà le bien et le mal

 

Au détour de mes lectures de presse, je n’ai pu m’empêcher de remarquer le formidable conformisme de pensée de notre patronat mondialisé. Ces grands patrons d’entreprises mondiales semblent hantés par la même mégalomanie messianique : une foi en eux-mêmes et en leur rôle fondamental au sein d’entreprises qui font chaque jour un monde meilleur.

Deux exemples en particulier : Carlos Ghosn (PDG de Renault-Nissan) et Patrick Pouyanné (successeur de l’écrasé Christophe de Margerie aux commandes de Total).

Patronat n°2 : Patrick Pouyanne
Pendant que Pouyanné se marre… (calife à la place du calife…)

Patronat n°1 : carlos ghosn
… Ghosn donne des cours très particuliers de conduite aux néophytes (« Alors là, c’est la radio. Il y a la climatisation aussi… – Ah, quand même, c’est moderne Renault ! – Oui, on a mis un GéPéeSse et le bloutousse aussi. – Pas croyable ! On est vraiment en avance dans la domotique en France !« )

Les interventions de ces grands patrons auprès des médias sont toujours un savant mélange de communication promotionnelle et de pseudo-expertise sur leur domaine (en réalité, ils ne comprennent que les executive summariesnotes pour les décideurs – que leurs équipes rédigent à leur intention).

Voyons de quoi il retourne.

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Tsipras : leçons d’opportunisme

On continue (jusqu’à quand ? la prochaine scène…) avec la tragi-comédie grecque ! Après des débuts hautement prometteurs, l’ensemble de la troupe remet le pied à l’étrier pour nous livrer une seconde charge de rires et de larmes.

Mais il semble que parmi cette bande de guignols, il en est un qu’on avait sous-estimé et qui revient pour voler la vedette : c’est Alexis Tsipras !

Pour montrer qui c’est le patron, il entonne un hymne à sa légende :

Je suis pour le communisme

Je suis pour le socialisme

Et pour le capitalisme

Parce que je suis opportuniste

Jacques Dutronc, L’Opportuniste (live 1992)

Car Tsipras en est un beau ! De l’espèce d’opportuniste politicien la plus cynique qui soit !

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La phrase tronquée de Michel Rocard

Nous ne pouvons pas héberger toute la misère du monde

Cette phrase attribuée à Michel Rocard est souvent utilisée par des gens de droite comme une caution morale – puisque provenant de l’autre camp, la gauche, le « camp du bien » pour les pauvres et les déshérités…

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