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Raison, secret et mensonge d’Etat

De la raison d’Etat au secret d’Etat, et du secret d’Etat au mensonge d’Etat, les pas peuvent être rapidement franchis.

C’est une habitude qui a été prise, ou plutôt a été héritée : les gouvernants de démocraties ont adopté, par atavisme, certains modes de fonctionnement des monarques qui les ont précédés.

Autre bizarrerie : en passant d’un régime despotique à un régime démocratique, la population ne s’est pas plus que ça offusquée que les secrets restent bien gardés. On se dit que la raison d’Etat le nécessite, et comme désormais, en démocratie, l’Etat travaille pour le peuple, il n’y aurait pas de conflit : si les moyens employés restent les mêmes, peu importe, car ce qui compte, ce sont les fins auxquelles ils sont employés.

Mais ce faisant, non seulement on justifie l’adage périlleux et néfaste selon lequel la fin justifie les moyens, mais en outre on admet et on entérine le fait qu’il y a une séparation dans l’Etat entre le gouvernement et la population. Ou, en d’autres termes : qu’il est justifié que le gouvernement en sache plus que la population et la laisse dans l’ignorance de certains faits, car « c’est pour son bien« .

Et on comprend dès lors à quel point un tel raisonnement devient dangereux pour une démocratie, car la raison d’Etat devient raison gouvernementale, ou raison du pouvoir temporel, qui se substitue à la vigilance nécessaire du peuple. Nietzsche parle de « monstre froid », et Kant fustige la paresse consistant à déléguer les affaires les plus importantes et vitales à autrui – et qu’y a-t-il de plus important, de plus impérieux pour un citoyen, que d’exercer son pouvoir de contrôle sur le pouvoir temporel (le gouvernement) ?

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Les leçons de dialectique de M. Schopenhauer (et les humbles miennes)

Suis tombé au hasard de ma bibliothèque sur un petit livre : L’Art d’avoir toujours raison (Librio Philosophie – 2€, Arthur Schopenhauer). Je le dis tout de suite : ce n’est pas l’ouvrage le plus remarquable de ce philosophe. Il a néanmoins l’avantage de la concision et, au final, dispose d’un assez bon ratio poids/contenu.

En préambule, j’énoncerai simplement ceci : que l’art de la discussion argumentée, aussi vivace et emportée soit-elle, n’est pas l’art de la guerre. Il n’y a rien de guerrier à engager un combat oral (ou écrit) fondé sur la défense de ses valeurs ou la critique de celles d’autrui. C’est précisément le contraire, car plus le dialogue est serré et passionné, plus il démontre la proximité des protagonistes et l’importance qu’ils se donnent l’un à l’autre :

Le dialogue, la discussion, la dispute sont autant de preuves d’amour

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