Archives par mot-clé : Kant

Ethique de l’hospitalité

Déjà exprimée par Kant et renouvelée par la responsabilité illimitée envers l’autre de Levinas, je reprends à mon tour la définition d’une éthique de l’hospitalité afin de former le fondement et la raison d’être de mon utopie. Il faut rappeler, en préambule, que la liberté de circulation figure d’ores et déjà dans l’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

La liberté de circulation est le droit pour tout individu de se déplacer librement dans un pays, de quitter celui-ci et d’y revenir.

Mais cette vague et fébrile déclaration d’intention n’offre aucune liberté concrète d’aller et venir ni ne fonde les principes structurants du droit individuel à se mouvoir dans un monde recouvert d’Etats jaloux de leurs frontières. Entre un inefficace article de droit international (sic) et l’injonction morale à l’hospitalité, il existe un gouffre qui correspond à la différence entre de stériles palabres et la politique véritable.

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La paix perpétuelle de Kant

Dans une lettre ouverte à Obama, voici ce que le Prix Nobel de la Paix Adolfo Pérez Esquivel écrivit :

Peace is a practice of life in relations between persons and among peoples; it is a challenge to humanity’s consciousness. Its path is difficult, daily and hopeful; where people build from their own lives and their own history. Peace can’t be gifted, it is built. And this is what you’re missing lad, courage to assume the historical responsibility with your people and with humanity.

(ma traduction : La paix est une pratique de la vie faite de relations entre les individus et les peuples ; c’est un défi à la conscience de l’humanité. Son chemin est difficile, quotidien et plein d’espoir ; c’est un chemin que les gens construisent à travers leurs propres vies et leur histoire. La paix n’est pas innée, elle doit être bâtie. Et c’est ce qu’il te manque, mon gars, le courage d’assumer la responsabilité historique avec ton peuple et avec l’humanité.)

Bien que je n’aie pris connaissance de l’existence du projet utopique Vers la paix perpétuelle de Kant qu’après m’être forgé une opinion déjà évoluée sur le sujet (que je développe en ces pages), le fait de poursuivre un même objectif – la diminution drastique, sinon la suppression pure et simple, de l’usage de la violence physique comme moyen d’expression, à la fois au sein des peuples et entre ceux-ci – rend inévitable la comparaison de nos deux systèmes, à la fois à titres d’inspiration, de clarification et de (auto-)critique.

Je partirai donc des éléments qui me semblent fondamentaux dans le texte de Kant, pour en faire un commentaire constructif aboutissant à l’affirmation de mes propres conceptions sur le sujet.

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Raisonnement porcin

Si nous devons tous aller à l’abattoir, autant profiter du temps qu’il nous reste

C’est ce que doivent se dire les porcs dans leur porcherie, eux qui se gavent de tout ce qu’ils peuvent dénicher.

C’est aussi à cette bassesse, résumée de manière à peine caricaturale, que le matérialiste-relativiste-ENUC asservit son existence. Il passe son temps à calculer comment atteindre le moindre mal, ou obtenir le bien le plus facile : c’est une économie de la vie. De petits calculs en petits calculs, il construit un monde aigri et rapetissé. Il se fait dévot de l’utilitarisme, en considérant que :

Le but et la dignité d’une vie humaine c’est de se consumer dans l’agencement des moyens.

– Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?

 

Cependant, les porcs, comme les ENUCs, ont tort.

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Morale kantienne

Agis de telle sorte que tu puisses aussi vouloir que la maxime de ton action devienne une loi universelle

– Kant

C’est un bon départ, mais que je juge pourtant insuffisant si l’on souhaite définir une discipline morale intransigeante et objective.

Car le despote ou le fanatique pourraient retourner l’argument de Kant de cette manière :

J’agis de telle sorte que tous devront agir selon ma loi, devenue universelle

Je rapproche en outre cette notion de « loi » morale à la notion de liberté par la « loi que l’on se prescrit » de Rousseau, en ceci que l’utilisation du concept de « loi » pour définir les notions de morale (vertu) ou de liberté est une impasse car, en laissant l’individu face à lui-même et surtout à ses « principes », elle ne parvient pas à outrepasser le subjectivisme.

C’est pourquoi je pense que la vertu, comme la liberté, se trouvent dans un état de tension envers et contre le monde et soi-même, sans autre principe que la renégociation permanente de ses principes.