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Saint pouvoir d’achat

Si le mythe de la croissance économique infinie est un large système englobant, une gangue économico-historico-culturelle, une civilisation en soi, une conception du monde, alors le pouvoir d’achat en est son incarnation.

Incarnation à double titre. Incarnation personnelle, d’abord, parce que les individus de la civilisation de la croissance infinie (ou capitalisme bourgeois) se définissent par leur pouvoir d’achat, s’identifient à lui (ils deviennent ce qu’ils possèdent), lui sont ontologiquement associés (c’est-à-dire, assimilés à leur pouvoir d’achat d’un point de vue extérieur pragmatique et dépendants de lui dans chaque aspect de leur existence – de leur être-au-monde) : chacun est une part du mythe de la croissance économique infinie, à la fois acteur et jouet de ce mythe.

Incarnation collective, aussi, car c’est par le pouvoir d’achat que le politicien (grand prêcheur du mythe) s’adresse à tous à la fois, et que chacun, en tant qu’ENUC, se sent concerné par ce discours : le pouvoir d’achat permet de constituer la collectivité, le bien commun, le symbole unanime, le crucifix du mythe de la croissance infinie. Il constitue l’interface concrète entre le vaste monde désincarné et lointain (que l’on aurait toutes les raisons d’ignorer – selon certains) et la routine locale (à laquelle est conférée une suprême importance – toujours par les mêmes) – les querelles de clocher toujours prépondérantes sur les grands enjeux de notre temps : si les médias de masse abordent les soubresauts géopolitiques d’une région du monde que le matérialiste saurait à peine situer sur une mappemonde vierge, c’est parce que, au-delà du sensationnalisme et du spectaculaire terrifiant des images et des récits, ces événements brumeux menacent son porte-monnaie.

Dans la civilisation occidentale actuelle (et sa large exportation de par le monde), le pouvoir d’achat semble constituer, plus encore qu’une simple préoccupation, qu’une proximité sociale ou qu’un lien hiérarchique, à la fois notre propre intimité et notre rapport public au monde.

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Assimilation, intégration, multiculturalisme… et pluralité

Il suffit de prononcer l’un de ces trois mots pour attirer a minima des regards soupçonneux, si ce n’est l’ire épidermique des colporteurs de la bien-pensance rampante. Assimilation, intégration, et pourquoi pas identité nationale, aussi ? De là à être traité de raciste, de fasciste, voire de nazi… mais quelle mouche me pique, d’ouvrir la boîte de Pandore ?

Pandora, John William Waterhouse
« Do not open » : on aurait mieux fait de fermer à clé ! (Pandora, John William Waterhouse)

Toujours pour la même raison : s’il y a des crétins congénitaux qui font mainmise sur des sujets sérieux et cruciaux en prenant en otage les termes du débat, et que d’autres se font leurs alliés, par paresse ou faiblesse, en n’osant plus prononcer ces mots ni respecter l’exigence démocratique du débat d’idées (puisqu’ils se contentent de prendre un air dégoûté et de se boucher le nez), il faut bien qu’il y en ait un qui se fasse tabasser entre le marteau et l’enclume. Bam ! C’est tombé sur moi ! (oh, je n’ai pas de mérite, j’adore ça !)

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