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Pantouflards et terrifiés

J’ai déjà fait ces deux constats : la peur de perdre (ou sentiment de déclassement) est très largement répandue dans nos contrées occidentales et, loin d’engendrer un mouvement de sursaut, elle pétrifie au contraire la jeunesse dans un conformisme et un conservatisme absurdement suicidairesune expression du relativisme.

Tout ça parce que, pensent-ils, ils ont plus à perdre qu’à gagner à vouloir changer les choses. Ce sont des insiders, bien dorlotés, héritiers inconscients, prêts à tout croire pourvu que les paroles soient de miel. Ainsi, ils adoptent le même état d’esprit que leurs aînés soixante-huitards :

Après moi, le déluge !

Sauf que désormais, on entend le tonnerre gronder, et il se pourrait bien qu’on n’échappe pas au déluge en question.

Bref, on s’est un peu éloigné de l’idée émouvante, naïvement entraînante, d’une jeunesse indisciplinée et fougueuse aux portes de demain.

Clap Your Hands Say Yeah
Clap Your Hands Say Yeah – Young blood !

Mais où est passé le raz-de-marée de jeune sang que chante Clap Your Hands Say Yeah ? (this tidal wave of young blood)

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Complicité générationnelle contre choc des générations

Le Point a fait sa Une du 23 avril sur la « Génération pigeon » : l’économiste François Lenglet y a produit un article très instructif sur le sujet.

Alors qu’en France, 23,8% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage, et que 1 jeune sur 5 de 18 à 29 ans vit sous le seuil de pauvreté (1,93 million de personnes), on continue de faire peser sur les épaules des actifs une part croissante de la contribution au fonctionnement de l’Etat-providence tandis que le niveau de vie des retraités Français est désormais équivalent à celui des actifs et qu’ils bénéficient d’une redistribution supérieure de 2 points de PIB (soit 14% au total) par rapport à leurs homologues Allemands.

Selon l’article, Macron, en 2008, alors Inspecteur des Finances, rédigeait dans une étude que « les plus de 65 ans bénéficient à la fois d’un niveau de vie supérieur aux individus plus jeunes, et d’un niveau d’imposition plus faible ».

Il semble que la gérontocratie est promise à un bel avenir !

Papy Boomers pouce
Quelque chose me dit qu’ils veulent nous le mettre là où on ne veut pas…

Ça me rappelle un certain épisode de South Park (L’homme des glaces, saison 2 épisode 18) dans lequel un animateur de documentaire animalier (probablement inspiré de Brady Barr) passe son temps à étudier les animaux d’une manière bien particulière, et qui les rend furieux…

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La peur de perdre : le sentiment du déclassement et ses conséquences

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut préciser ceci en préambule : quel que soit son statut, un Occidental est un insider ; il fait partie de cette frange minoritaire de la population mondiale qui dispose de plus de droits et de plus de libertés que son alter-ego non-Occidental. Il a avec lui un passeport efficace, qui lui offre le loisir d’errer d’Est en Ouest et du Nord au Sud sans jamais porter la marque du migrant ou du réfugié.

Ainsi, lorsque l’on parle de pauvreté, il faut toujours savoir de quelle pauvreté il s’agit, et de qui elle est le bourreau.

Kerviel invite par Jean-Luc Mélenchon à la fête de l'Huma
Le pôvre Kerviel dans les bras de tonton Mélenchon à la fête de l’Huma : l’Internationale réconforte les miséreux !

Ces précautions étant posées, je peux désormais me mettre sereinement au chevet de mes compatriotes pour écouter leurs sanglots longs : leur sentiment de déclin et leur peur du déclassement, qui ne sont autres que la peur de perdre. Or, pour avoir peur de perdre, il faut encore avoir :

C’est pourquoi ceux qui n’ont rien vivent souvent dans l’espoir, et ceux qui ont tout vivent fréquemment dans la peur.

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Le retour aux racines – quand on en a le choix !

Sylvain Tesson nous fait le coup du retour à la nature !

Dans un article paru dans le magazine Le Point du 28 mai (article en ligne ici), il vitupère contre un rapport sénatorial traitant de l’inégalité des territoires et notamment de l’hyper-ruralité :

Pour un cerveau techno, la « ruralité » n’est pas une vertu, mais une malédiction : le rapport déplore l’arriération de ces territoires qui échappent au numérique, sont mal desservis, pas assez urbanisés, privés de grands commerces, d’accès aux administrations. Ce que nous autres, pauvres cloches romantiques, tenons pour un luxe – le silence, l’ensauvagement, la préservation naturelle – est considéré dans ces pages comme une catégorie du sous-développement. […]

Le Wifi, l’asphalte, les centres commerciaux, les ronds-points et les zones d’activités ramèneront ces trous noirs dans la modernité heureuse !

 

Pour enfoncer le clou, il cite Cioran :

L’intérêt que le civilisé porte aux peuples dits arriérés est des plus suspects… La civilisation, son œuvre, sa folie, lui apparaît comme un châtiment qu’il s’est infligé et qu’il voudrait à son tour faire subir à ceux qui y ont échappé jusqu’ici.

mythe du bon sauvage
Sylvain Tesson en plein mythe du bon sauvage !

Or, ces propos constituent une critique très à charge et fallacieuse du rapport Hyper-Ruralité produit par un sénateur (comme quoi, rien n’est impossible !).

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Le marché a toujours raison

Dans le monde de la finance, il est une expression bien connue de tous :

Le marché a toujours raison

Et ce, même s’il a tort face à la théorie et à la raison, et même s’il se comporte de manière excessive et déraisonnable, c’est quand même lui qui, in fine, à raison : car seul le marché existe. Il dispose de la raison du plus fort.

Car le marché peut contredire à la fois les analyses théoriques macro- et micro-économiques. De toute manière, il suffit de voir les « experts » de la finance et les économistes se contredire en permanence pour comprendre que la science économique est encore loin de disposer de la précision des axiomes mathématiques et des lois universelles de la physique.

On en serait plutôt au stade de la neurobiologie : on dispose de bases solides, mais tout reste à comprendre.

Vouloir aller contre le marché, pensent les traders, c’est se comporter comme Don Quichotte face à des moulins à vent.

 

Don Quichotte
Don Quichotte contre les moulins à vent – par Terry Gilliam (réalisera-t-il un jour ce film ?)

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Maslow : conditions humaines, conditions sociales

Non, Abraham Maslow n’était pas Pharaon…
… mais il a pourtant érigé une pyramide qui est une merveille du monde

Pyramide Maslow
La célèbre pyramide des besoins de Maslow

D’habitude, le simple énoncé de sa profession (psychologue) aurait dû discréditer toute pensée émanant de cet homme. Pourtant, c’est parfois des ténèbres que surgissent les plus belles illuminations. Abraham Maslow établit ainsi une cartographie de la condition humaine si simple et limpide qu’elle paraît trop belle pour être vraie… et pourtant !

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Utopia

Finalement, nous prîmes la route du retour vers Utopia, capitale du royaume. Les détails de sa fondation restent obscurs. Dans l’antique bibliothèque d’Antioche, de vieux parchemins parlent d’une nouvelle Byzance érigée à l’Ouest de la Mer Intérieure par des esclaves affranchis de l’Empire romain.

Quand un étranger s’éblouit devant la magnificence actuelle de la cité, il n’est pas un Utopien pour lui rappeler qu’elle ne fût à l’origine qu’un campement de réfugiés venant de toutes les parties de l’Empire Romain décadent. Cette modestie n’est maintenant qu’une coquetterie superficielle, tant les contemporains, bercés dans la magnificence du glorieux empire, goûtent le luxe comme leur pain quotidien.

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De la représentativité en démocratie pour répondre à la question du droit et des moeurs

Comment répondre à cette vieille question de juriste :

Sont-ce les mœurs qui font le droit, ou le droit qui fait les mœurs ?

Horace posait déjà la question ainsi :

Que sont les lois sans les mœurs, que sont les mœurs sans les lois ?

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Saucissonnage intellectuel contre pensée systémique

On sait faire des tranches de saucisson à partir d’un porc. Mais il est impossible de recréer le porc à partir de tranches de saucisson.

Alors pourquoi s’acharner à saucissonner les enjeux du monde en autant de variations parcellaires et par conséquent partiales : sujets sociaux, économiques, juridiques, écologiques, etc.

Saucisson de cochon
Essayez de m’en faire un cochon !

Tripes de Cochon
C’est bien essayé, mais ça ne marche pas !

On voit bien qu’entre le cochon et la charcuterie, c’est une relation à sens unique !

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La Grèce et l’Europe : étude de cas clinique

Excellent article de Clément Lacombe paru dans Le Point du 4 juin 2015, « La Grèce et nous: chronique secrète d’une liaison fatale », consultable en ligne (en quatre parties : 1, 2, 3 et 4).

On parle de plus en plus ces jours-ci d’un défaut de paiement de la dette grecque, ravivant les peurs d’une sortie de la Grèce de la zone Euro – le Grexit (encore un slogan !). L’article revient sur la genèse de l’adhésion de la Grèce à l’Union Européenne et à son adoption de la monnaie unique européenne.

Drachme
Back to Drachme ?

De cette chronique, on peut tirer de nombreux enseignements sur les croyances auxquelles nous restons soumis. J’y vois même un cas clinique : l’étude de la succession des errements des différents acteurs qui nous ont mené à la désastreuse situation actuelle montre à quel point les croyances, bien plus que la rationalité, ont présidé des décisions d’importance capitale.

Mais qui sont les comédiens de cette tragédie… grecque ?

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