Tout comme le « capitalisme » ne peut être confondu avec cette forme particulière qu’est le « capitalisme bourgeois », la « croissance » (ou développement, ou progrès) ne saurait être restreinte à la croissance économique. C’est de cette dernière précisément dont je vais parler ici, ayant déjà donné mon point de vue sur la croissance (tout court) et ses détracteurs ici et là. Mais de mauvaises habitudes poussent la plupart des personnes à dire « croissance » quand ils désignent en réalité la croissance économique – choses mal nommées qui ajoutent donc du malheur au monde, selon l’expression de Camus.
Quelles sont les tendances pour demain : croissance économique, seras-tu là ? Stagnation séculaire à venir ou simple mouvement cyclique – un bon vieux Kondratiev-Schumpeter, notamment, mené par les avancées technologiques ? Rien ne sert de demander aux oracles, nous avons toutes les cartes en main (ou, à défaut, il faut nous en doter) pour créer le monde que nous désirons, et cesser de vivre dans celui que nous subissons : la fuite en avant cynique du capitalisme bourgeois et sa dévotion au mythe de la croissance économique infinie, dont je veux exposer ici les rouages.