Archives de catégorie : Responsabilité

Assimilation, intégration, multiculturalisme… et pluralité

Il suffit de prononcer l’un de ces trois mots pour attirer a minima des regards soupçonneux, si ce n’est l’ire épidermique des colporteurs de la bien-pensance rampante. Assimilation, intégration, et pourquoi pas identité nationale, aussi ? De là à être traité de raciste, de fasciste, voire de nazi… mais quelle mouche me pique, d’ouvrir la boîte de Pandore ?

Pandora, John William Waterhouse
« Do not open » : on aurait mieux fait de fermer à clé ! (Pandora, John William Waterhouse)

Toujours pour la même raison : s’il y a des crétins congénitaux qui font mainmise sur des sujets sérieux et cruciaux en prenant en otage les termes du débat, et que d’autres se font leurs alliés, par paresse ou faiblesse, en n’osant plus prononcer ces mots ni respecter l’exigence démocratique du débat d’idées (puisqu’ils se contentent de prendre un air dégoûté et de se boucher le nez), il faut bien qu’il y en ait un qui se fasse tabasser entre le marteau et l’enclume. Bam ! C’est tombé sur moi ! (oh, je n’ai pas de mérite, j’adore ça !)

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Pourquoi changer le monde ?

Changer le monde ? Quelle drôle d’idée ! Il est très bien comme ça le monde ! Pourquoi le changer ?

OSS117, Rio ne répond plus

S’il peut sembler évident que le monde n’est, au contraire, pas « très bien comme il est », parce que les preuves s’accumulent, il faut aussi dire pourquoi un individu se met en posture de changer le monde et pour quoi (pour quelles finalités) le monde doit être changé – vers quoi le faire aller.

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Responsabilité

L’idée […] de la responsabilité individuelle pour tout ce qui se passe autour de nous, est que chacun doit répondre de tout devant tous…

– Tarkovski

Tarkovski n’invente rien, il est le passeur d’une longue tradition philosophique de la responsabilité humaine. Kant avant lui a dit la même chose, et Sartre l’a dit à nouveau, dans L’Etre et le Néant :

L’homme étant condamné à être libre, porte le poids du monde tout entier sur ses épaules ; il est responsable du monde et de lui-même.

C’est un bon préambule contre tous ceux qui voudraient nous soumettre à telle ou telle « loi » naturelle ou divine : il n’y a pas de transcendance que l’homme ne décide lui-même de s’appliquer. C’est, in fine, à l’homme que revient le choix de croire ou pas en un dieu quelconque, ou en lui-même seulement. Pour un existentialiste subjectif (pléonasme) comme moi, la responsabilité est la grande chance qui est offerte à l’homme, face à toutes les excuses, les victimisations et les institutions nourricières, qui, loin de représenter des marques d’altruisme ou d’humanisme, sont au contraire anti-humaines et liberticides.

La responsabilité, et la prise de responsabilité, est aussi un guide qui nous mène vers l’amélioration : si c’est à nous que nous devons le monde d’aujourd’hui, et plus encore celui de demain, alors les erreurs du passé doivent être prises comme des avertissements et des enseignements pour notre devenir.

Mais une telle responsabilité n’est pas gratuite ; elle n’est pas innée. Cette responsabilité s’acquiert, et il faut devenir homme pour l’acquérir – ou plutôt, on ne devient homme qu’en l’ayant acquise. Elle n’est pas naturelle, bien qu’elle soit à la portée de notre espèce. C’est toute la question du cheminement vers la responsabilité qui contribue à faire l’homme libre.

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Gauche et droite : vieilles lunes ?

Il ne faut pas octroyer au Front National l’idée d’une confusion parfaite de la gauche et de la droite, lancée à travers l’habile slogan de papa « anar de droite » Le Pen « UMPS » (« Union pour le Maintien Perpétuel du Système », puis récemment le moins vendeur « RPS » – sans doute une invention de Philippot). En réalité, la paternité en revient à de talentueux publicitaires du début des années 1990 :

La Droiche ! Qu’ils sont pointus, ces marketeux ! (Les Inconnus)

Le bien nommé Jack Beauregard incarnait une certaine « vision » de la politique dotée d’un fort strabisme convergent : « la Droiche ». « Ferme mais pas trop » (on reconnaît « la force tranquille » mitterrandienne ou « l’ordre juste » ségoliniste de 2007) mais aussi « Maghrébins, ne partez pas tout de suite » (qui rappelle un certain « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde » de Rocard, ou encore une phrase que n’a jamais prononcée Hollande, mais qu’il a bien mise en pratique : « réfugiés, ne venez pas trop nombreux »). Les publicitaires concluent :

– Oui mais là, l’électorat de gauche, on le perd complètement…

– Bon, on perd plus grand chose… tu vois ce que je veux dire…

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Mai 68 : héritages en floraison

Il faut, dit-on, « liquider l’héritage de mai 68 ». Encore faudrait-il savoir de quoi il retourne : que furent les événements de 68, quelles idées ont-elles été portées, qu’est devenue la « génération 68 », et enfin, au-delà des slogans et des caricatures, quelles leçons tirer de mai 68 ?

cohn-bendit mai-68
Bien avant NTM, Dany-le-Rouge te fait la nique !

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Ma relation à l’Occident

Il est probablement impossible, pour des gens ayant vécu et prospéré dans un système social donné, d’imaginer le point de vue de ceux qui, n’ayant jamais rien eu à attendre de ce système, envisagent sa destruction sans frayeur particulière.

– Houellebecq, Soumission

Mais ce n’est pas mon cas, quoi qu’il m’en coûte de l’admettre, car les choses seraient alors tellement plus simples. Elles ne le sont pas ; elles ne le sont que pour ceux qui se bercent d’illusions et ne voient toujours que la face des choses qu’ils veulent voir. Les irresponsables.

Je ne serai donc pas de ceux qui  veulent jeter le bébé avec l’eau du bain. Car, paradoxalement, ce qui permet d’être occidental, ce qui fait la nature de l’être occidental, c’est le doute viscéral associé à la rationalité du cogito de Descartes, c’est-à-dire le fait de se demander en permanence s’il est occidental, qu’est-ce que l’Occident, et est-ce que l’Occident existe. Quitte, par conséquent, à renier, pour les besoins de cette introspection, sa propre réalité. Quelle autre civilisation s’est construite sur le doute d’elle-même et perpétue sa tradition en mettant au monde, génération après génération, des individus dans le doute ?

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Responsabilité filiale

Aurais-je pu placer le fait d’avoir un enfant, et d’en être chargé d’une soudaine responsabilité filiale, parmi les motivations égoïstes du travail entrepris ? Car on peut se dire que ce que l’on est capable de faire pour son enfant est à la fois l’acte de générosité et de don de soi le plus grand, mais n’est-ce pas aussi la démonstration d’une forme de narcissisme ?

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Pour l’argent ?

L’argent qu’on possède est l’instrument de la liberté, celui qu’on pourchasse est celui de la servitude.

– Jean-Jacques Rousseau (qui n’avait pas d’argent)

Ah, l’argent ! Avec Scarface, on se dit que c’est le Graal :

Cogno, regarde ça, putain d’oignons, j’ai des mains faites pour l’or et elles sont dans la merde !

Scarface, Al Pacino
Il me tue, ce turbin ! (Scarface, de Oliver Stone)

Un film que tout le gangsta-rap vénère comme une Bible du savoir-vivre et du savoir-être. Si vous pensiez m’assimiler à ce genre de lascar, vous faites fausse route.

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Qui prêcher ?

D’accord, vous avez quelque chose à dire, vous êtes un héros-citoyen qui fait son travail d’écriture. Mais pour qui faut-il écrire ? A qui allez-vous vous adresser ?

Pour soi d’abord, charité bien ordonnée commence par soi-même ; écrire permet, en premier lieu, de réifier ses idées, de les confronter à leurs mots et de lutter contre soi afin de faire émerger une chose, une production, qui n’est plus (en) soi et gagne son indépendance. La surprise de l’écrivain envers son texte est la preuve qu’il a su extraire davantage de lui-même que ce qu’il pensait connaître. C’est un dépassement de soi. Julien Gracq écrit, dans En lisant en écrivant, que les écrivains sont :

Des hérétiques enfermés chacun dans leur hérésie singulière, et qui ne veulent pas de la communion des saints [car] leur jardin d’Eden reste à jamais celui des sentiers qui bifurquent.

On doit tirer une certaine satisfaction, en croyant avoir emprunté une ligne droite (celle de son intuition), à se voir contraint d’arpenter des chemins de traverse (des idées et des faits qui nous contredisent et nous dérangent). Ce n’est pas perdre son temps en variations stériles et infinies, mais au contraire laisser l’écriture révéler nos contradictions, nos écarts, nos faiblesses – avant d’exiger de nous-mêmes que nous y remédions.

Comme l’écrivain se surprend sous sa plume (ou son clavier), comment pourrait-il raisonnablement savoir pour qui il écrit ?

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