Archives de catégorie : Economie

Se faire mettre à l’amende par un gus en soutane

Le Pape François 1er a asséné quelques douloureuses vérités lors de son discours au parlement européen à Strasbourg, le 25 novembre 2014.

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Le point blanc au centre, c’est François 1er

Pas de quoi chambouler un hémicycle de vieux briscards de la politique ? Pas si sûr…

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Les vendeurs d’avenir

Comment prend-on ses décisions ?

Selon deux types de critères : le premier correspond à ses valeurs et ses croyances propres, ce que l’on croit juste de décider. Le second est l’anticipation de l’avenir. Ce second type de critères se décompose lui-même en deux axes :

  • Ce qu’il est possible qu’il advienne en décidant telle ou telle chose d’une part : c’est notre capacité estimée à influencer le futur.
  • Ce que nous croyons qu’il adviendra nécessairement, et que nous devons prendre en compte dans nos choix : c’est le futur qui s’impose à nous.

Or, moins on est sûr de ses valeurs, moins on croit en sa capacité à influencer l’avenir, et plus on va considérer l’avenir comme un mouvement inéluctable que l’on a intérêt à anticiper afin qu’il nous soit favorable. Est-ce à cause d’une défiance généralisée et d’un manque de confiance en eux que les politiciens font pulluler les vendeurs d’avenir auprès d’eux ?

L’ouvrage La politique des oracles : raconter le futur aujourd’hui de Ariel Colonomos nous dépeint cette situation fort peu engageante. Je laisse le soin à son auteur de le présenter :

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Des richesses à la richesse : un dévoiement du progrès en capital ?

On fait souvent une confusion entre la richesse et les richesses.

C’est un problème de fond, qui fait que l’on croit qu’il faut que des individus s’enrichissent pécuniairement (ils obtiennent alors la richesse) pour produire des richesses, c’est-à-dire, pour employer provisoirement un champ très large, de l’activité économique. C’est la confusion que Macron laisse échapper lorsqu’il déclare :

L’économie du Net est une économie de superstars. Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires.

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Amoureux des belles mécaniques : confession d’un vice

Il faut que je confesse ma passion pour la voiture, la moto, et tout ce que la mécanique permet de mouvoir en profitant de sensations uniques.

Il faut confesser, car ces temps-ci, les gens comme moi sont vilipendés. Nous serions d’affreux renégats, d’horribles irresponsables contributeurs au réchauffement climatique et à la dégradation de la santé pulmonaire de nos compatriotes.

Fi de tout cela !

Je vous parle de passion, pas de la masse grouillante qui s’enferme dans les bouchons matin et soir, pas des dingues du volant, surexcités par le stress, l’injure aux lèvres, le pied lourd dans un environnement urbain accidentogène où se mêlent piétons, cyclistes et scooters, ni des chauffards en scooter, justement, qui ont le sentiment d’être prioritaires partout et redressent les torts à grands coups de bottes dans les portières.

Je vous parle de quelque chose de désuet et de rare, qui est l’esprit du gentleman driver combiné à l’amour de la villégiature roulante (road trip) : un amateur éclairé, hédoniste, qui sait apprécier des courbes et des arêtes, des odeurs d’échappement et d’huile, une musicalité d’acier et d’aluminium, et des sensations grisantes de vitesse et de contrôle ou la détente libertaire d’une flânerie sur des chemins de traverse.

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Quelque chose comme le bruit et la fureur d’un V8 les cheveux au vent (modèle : AC Cobra)

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L’économie automobile : un symbole d’hérésie anti-écologique

Cessera-t-on un jour du faire du neuf avec du vieux ? Non pas que je sois contre l’idée du recyclage, mais lorsqu’il s’agit de politique, il faut bien admettre que l’on a jamais construit l’avenir avec les recettes du passé. Employer de vieilles ficelles, c’est d’abord masquer que l’on est incapable d’innover.

Alors voici l’idée génialement désuète de Mme Royal : comme on veut à tout prix que ces ânes de Français achètent des véhicules électriques car « ça, c’est l’avenir », on se retrouve obligé de manipuler le marché, qui lui, ne veut pas entendre parler de véhicules à l’autonomie ridicule et au tarif prohibitif. En d’autres termes, on est forcé d’influencer l’offre ou la demande (ou les deux) afin qu’elles puissent se rencontrer. Comment fait-on ? On offre des primes pour l’achat de véhicules électriques, conditionnées par la mise au rebut d’un vieux tacot carburant au Diesel (pour un écologiste écervelé, c’est le diable à quatre roues).

Oui, vous ne rêvez pas, c’est le retour des primes à la casse, mises en œuvre en 1995 par le gouvernement Juppé (oui, vous savez, le Premier Ministre « droit dans ses bottes »).


Il était pas mignon, cet énarque dans la force de l’âge ?

Et bien, vingt ans plus tard, le gouvernement a changé de bord, mais on nous ressert la même soupe. Il faut dire qu’il est grand temps de mettre aux ordures les tas de ferraille que précisément Juppé nous a aidé à acheter.

Et on n’y va pas avec le dos de la cuiller ! Jusqu’à 10 000 € d’aide (« à condition de mettre à la casse une voiture diesel mise en circulation avant le 1er janvier 2001 ») ! Normalement, avec un tel niveau d’incitation, une grande partie de la demande devrait devenir solvable, sauf que…

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L’économie du partage : une éclipse capitaliste en perspective ?

J’ai fait la connaissance récente de Jeremy Rifkin à travers quelques articles concernant ses ouvrages, dont celui-ci.

Jeremy Rifkin
Jeremy Rifkin : look old school, idées à l’avenant ?

Vous allez me dire : « encore un vieillard profiteur qui vient nous donner des leçons sur un avenir qu’il a (et ses congénères) déjà largement compromis ! »

C’est vrai qu’avec son crâne dégarni, sa moustache anachronique, son costume sur-mesure avec pochette et sa cravate bariolée, on ne s’attend pas à des prophéties lumineuses. Délit de sale gueule que nous ferions !

Penchons-nous un peu plus sur son ouvrage La Nouvelle Société du coût marginal zéro, afin de savoir si Rifkin redécouvre la roue ou donne véritablement quelques vues saisissantes sur ce que pourrait être le monde de demain.

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Ce dont ils rêvent (et feraient mieux d’y réfléchir un peu plus !)

Je suis tombé sur un article véritablement atterrant, où l’on nous parle de « rêves » de politiciens.

Franchement, je ne croyais jamais dire ça, mais je préfère encore savoir ce qu’ils pensent quand ils sont en train de se raser que ce que leur inconscient nourrit. Sarkozy ne nous avait pas surpris quand, en 2003, il répond à Duhamel :

Au moins, lui est cohérent du matin ou coucher, et en dormant : la présidentielle, c’est en se rasant, en déjeunant, en enfilant son pyjama et en rêvant !

Ca peut sembler ridicule (et ça l’est, assurément), mais au moins on sait à quoi s’en tenir.

Rien n’est plus rassurant qu’un politicien qui rêve de devenir Président de la République.

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Pantouflards et terrifiés

J’ai déjà fait ces deux constats : la peur de perdre (ou sentiment de déclassement) est très largement répandue dans nos contrées occidentales et, loin d’engendrer un mouvement de sursaut, elle pétrifie au contraire la jeunesse dans un conformisme et un conservatisme absurdement suicidairesune expression du relativisme.

Tout ça parce que, pensent-ils, ils ont plus à perdre qu’à gagner à vouloir changer les choses. Ce sont des insiders, bien dorlotés, héritiers inconscients, prêts à tout croire pourvu que les paroles soient de miel. Ainsi, ils adoptent le même état d’esprit que leurs aînés soixante-huitards :

Après moi, le déluge !

Sauf que désormais, on entend le tonnerre gronder, et il se pourrait bien qu’on n’échappe pas au déluge en question.

Bref, on s’est un peu éloigné de l’idée émouvante, naïvement entraînante, d’une jeunesse indisciplinée et fougueuse aux portes de demain.

Clap Your Hands Say Yeah
Clap Your Hands Say Yeah – Young blood !

Mais où est passé le raz-de-marée de jeune sang que chante Clap Your Hands Say Yeah ? (this tidal wave of young blood)

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Complicité générationnelle contre choc des générations

Le Point a fait sa Une du 23 avril sur la « Génération pigeon » : l’économiste François Lenglet y a produit un article très instructif sur le sujet.

Alors qu’en France, 23,8% des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage, et que 1 jeune sur 5 de 18 à 29 ans vit sous le seuil de pauvreté (1,93 million de personnes), on continue de faire peser sur les épaules des actifs une part croissante de la contribution au fonctionnement de l’Etat-providence tandis que le niveau de vie des retraités Français est désormais équivalent à celui des actifs et qu’ils bénéficient d’une redistribution supérieure de 2 points de PIB (soit 14% au total) par rapport à leurs homologues Allemands.

Selon l’article, Macron, en 2008, alors Inspecteur des Finances, rédigeait dans une étude que « les plus de 65 ans bénéficient à la fois d’un niveau de vie supérieur aux individus plus jeunes, et d’un niveau d’imposition plus faible ».

Il semble que la gérontocratie est promise à un bel avenir !

Papy Boomers pouce
Quelque chose me dit qu’ils veulent nous le mettre là où on ne veut pas…

Ça me rappelle un certain épisode de South Park (L’homme des glaces, saison 2 épisode 18) dans lequel un animateur de documentaire animalier (probablement inspiré de Brady Barr) passe son temps à étudier les animaux d’une manière bien particulière, et qui les rend furieux…

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La peur de perdre : le sentiment du déclassement et ses conséquences

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut préciser ceci en préambule : quel que soit son statut, un Occidental est un insider ; il fait partie de cette frange minoritaire de la population mondiale qui dispose de plus de droits et de plus de libertés que son alter-ego non-Occidental. Il a avec lui un passeport efficace, qui lui offre le loisir d’errer d’Est en Ouest et du Nord au Sud sans jamais porter la marque du migrant ou du réfugié.

Ainsi, lorsque l’on parle de pauvreté, il faut toujours savoir de quelle pauvreté il s’agit, et de qui elle est le bourreau.

Kerviel invite par Jean-Luc Mélenchon à la fête de l'Huma
Le pôvre Kerviel dans les bras de tonton Mélenchon à la fête de l’Huma : l’Internationale réconforte les miséreux !

Ces précautions étant posées, je peux désormais me mettre sereinement au chevet de mes compatriotes pour écouter leurs sanglots longs : leur sentiment de déclin et leur peur du déclassement, qui ne sont autres que la peur de perdre. Or, pour avoir peur de perdre, il faut encore avoir :

C’est pourquoi ceux qui n’ont rien vivent souvent dans l’espoir, et ceux qui ont tout vivent fréquemment dans la peur.

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