Archives de catégorie : 1.1 Méthodologie

Économie et sociologie : définitions instrumentalisantes, sciences embourbées

L’économie est l’art de faire de la politique en se cachant derrière des chiffres.

La sociologie est l’art de faire de la morale en se cachant derrière des chiffres.

Car on n’a jamais vu deux disciplines académiques être autant instrumentalisées que ces deux-ci.

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Ironie et ricanements

L’ironie est au ricanement ce qu’un éclat de rire féroce est au gloussement

 

Charles Bukowski
Féroce Charles Bukowski

 

Car l’ironie (du grec εἰρωνεία – ignorance feinte) est l’expression rieuse et coriace de l’esprit critique, héritée de Socrate puis des Lumières, tandis que le ricanement n’est que le renoncement à toute argumentation et débat d’idées. C’est l’arme du faible qui, confronté à ses propres limites de raisonnement, joue la dernière carte dont dispose son esprit limité par ses préjugés contradictoires : c’est un aveu de défaite camouflé en fuite victorieuse.

Ne vous laissez pas abuser : à chaque fois qu’un ricaneur voudra vous faire ricaner avec lui, regardez-le d’un air désolé et prenez pitié pour lui : car un ricaneur se complaît dans l’opprobre mais ne sait que faire de la compassion.

 

Je donne une illustration de cette différence fondamentale ici.

Les leçons de dialectique de M. Schopenhauer (et les humbles miennes)

Suis tombé au hasard de ma bibliothèque sur un petit livre : L’Art d’avoir toujours raison (Librio Philosophie – 2€, Arthur Schopenhauer). Je le dis tout de suite : ce n’est pas l’ouvrage le plus remarquable de ce philosophe. Il a néanmoins l’avantage de la concision et, au final, dispose d’un assez bon ratio poids/contenu.

En préambule, j’énoncerai simplement ceci : que l’art de la discussion argumentée, aussi vivace et emportée soit-elle, n’est pas l’art de la guerre. Il n’y a rien de guerrier à engager un combat oral (ou écrit) fondé sur la défense de ses valeurs ou la critique de celles d’autrui. C’est précisément le contraire, car plus le dialogue est serré et passionné, plus il démontre la proximité des protagonistes et l’importance qu’ils se donnent l’un à l’autre :

Le dialogue, la discussion, la dispute sont autant de preuves d’amour

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Ce que peut nous apprendre la nature (2) : morceaux délectables

A la suite de mon premier article sur ce thème, je souhaitais partager quelques fragments d’un article du magazine Le Point présentant un ouvrage intitulé L’abeille (et le) philosophe (éditions Odile Jacob, de François et Pierre-Henri Tavoillot) qui présente l’utilisation qu’ont fait certains philosophes de l’abeille comme sujet d’étude et de « démonstration argumentée ». Certaines illustrations sont au moins aussi cocasses que celles de Onfray (cf. cet article publié plus tôt).

D’abord, attardons nous sur le titre du livre : L’abeille (et le) philosophe. Qui sous-entend donc que l’abeille est philosophe… premier signe inquiétant d’anthropocentrisme qui annonce un festival ! Attention, donc, messieurs les penseurs, car quand l’abeille aura terminé sa thèse de doctorat, vous allez tous être mis au placard ! Vous pourrez aller butiner ailleurs si on y est !

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Barbaries

Barbarie provient étymologiquement du terme grec ancien βάρϐαρος / bárbaros : l’étranger. Il était utilisé par les grecs pour « désigner les peuples n’appartenant pas à leur civilisation et dont ils ne parvenaient pas à comprendre la langue ».

Pour les Grecs comme pour les Romains, tout « barbare »peut, en adoptant leur langue, leurs dieux et leurs mœurs, devenir Grec ou Romain, et ce fut le cas non seulement de nombreux individus (dont certains parvinrent jusqu’à la fonction impériale), mais aussi de peuples entiers.

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Ce que peut nous apprendre la nature

A chaque fois qu’on prend la nature en otage pour donner des leçons de morale, décrire des règles de vie, ou simplement illustrer les similarités de comportements humains et animaliers, voire célébrer la suprématie altruiste (!) des comportements animaliers sur l’instinct auto-destructeur de l’homme, je suis quelque peu chagriné.

Je prends pour exemple illustratif de cette pensée le livre récemment sorti Cosmos – Vers une sagesse sans morale de Michel Onfray (éditions Flammarion – 22€, avis aux amateurs…) qui remet sous les feux des projecteurs une réflexion grecque antique et panthéiste à la sauce New Age – comme un yaourt nature à la grecque plein de céréales grillées et de fruits rouges !

Il faut se contenter de ce que la nature nous montre

– Michel Onfray

Je ne prétends ni ne souhaite ici me livrer à une critique de ce livre dont je n’utilise que quelques passages à titre d’exemple pour étayer cet article, et je me base donc uniquement sur une lecture en diagonale dans une librairie et sur des articles de presse (dont celui-ci ou celui-là). En outre, dans ce livre, Onfray admet son écriture sous influence, dans l’ombre et le respect révérencieux de son père défunt : je développe cette idée ici.

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L’utopie comme ligne directrice

Comme j’en arrive à la conclusion ici, l’inexistence avérée de toute objectivité morale conjuguée à la primauté de la subjectivité comme mode d’action humain oblige toute future construction intellectuelle systémique à se projeter en une utopie, c’est-à-dire :

La description concrète (par la simulation) de la situation envisagée (une organisation) qui matérialise le résultat de l’ensemble des principes subjectifs (hiérarchie de valeurs) défendus par leur(s) auteur(s)

Ce qui aura pour vertus de laisser l’idéologie au rencart, aussi bien que de démasquer les prédicateurs, les politiciens et les sophistes : tous ceux qui prônent des valeurs et des modes de conduite « pour les autres » et n’en assumeront jamais les responsabilités concrètes ; tous ceux aussi qui croient que l’addition des réformes (pour ne pas dire réformettes) font une politique d’ensemble.

Cela permet de ne plus penser « hors-sol » mais bien les mains dans le cambouis, dans la franchise et la transparence de la situation à laquelle aboutirait la réification des valeurs prônées : expérimenter, pour prouver la viabilité.

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Discordance créatrice

Destruction leads to a very rough road but it also breeds creation.

– Red Hot Chili Peppers, Californication

(ma traduction : la destruction mène à un chemin semé d’embuches, mais elle engendre aussi la création.)

Inspiration schumpéterienne pour ce concept de « discordance créatrice » qui transpose au domaine des idées la « destruction créatrice » de l’économiste. Il ne s’agit d’ailleurs que d’un retour aux sources puisque, initialement, Schumpeter s’est lui-même inspirée de la pensée de Nietzsche pour aboutir à ce concept.

cit-schumpeter

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