Archives de catégorie : Politique

Radicalité contre fanatisme et martyr

J’ai dû lire quelque part (certainement dans Rock’n’Folk) que Lenny Kravitz aurait déclaré :

It’s time to get hardcore.

(Il est temps de devenir radical)

Est-ce parce qu’il a coupé ses locks ?

lenny_kravitz_locks
Lock-ed

lenny_kravitz_no_locks
Un-lock-ed (mais toujours lunetté)

 

Mais, au fait, que signifie être radical ?

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Nabilla rime-t-elle avec Cloaca ?

Je l’avoue, Nabilla m’a bien fait marrer. Mais comment peut-on décemment résister à cette séquence d’anthologie ?

 

Il y a chez la bimbo un mélange de naïveté et de sincérité qui vont droit au cœur : son outrance tellement sincère ; son appel tragique à la Apollo 13, « allô, j’sais pas, vous me recevez ? », accompagné d’un geste désespéré (essayer de téléphoner avec sa main, tout le monde sait que ça ne marche pas) ; son doute existentiel « t’es une fille, t’as pas de shampooing !!??!! », c’est comme si on avait remis en cause l’héliocentrisme, la théorie de la gravité et celle de l’évolution en même temps qu’on découvrait la physique quantique ; son analogie transcendantale « c’est comme si je te dis : t’es une fille, t’as pas de cheveux ». Cette conjugaison incroyable et inespérée contribue à faire de cette séquence un moment qui restera dans l’Histoire.

En tout cas, si Tom Hanks avait utilisé de tels arguments, sûr que Houston se serait autrement démené pour tirer du guêpier son équipe d’astronautes américains. D’ailleurs, je suis certain que le fait que l’émission ait eu lieu en Floride, près de Cap Canaveral, n’est pas un hasard. Les producteurs avaient cette ambition colossale de détrôner Neil Armstrong, près du lieu même qui servit de décollage à la fusée qui emmena le premier homme sur la lune :

C’est un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’humanité.

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Du travail à la civilisation (et inversement)

Le concept de « revenu universel » (ou revenu de base) oblige à considérer le sens et la fonction du travail dans l’hypothèse d’une société jugée riche, aux moyens de production fortement automatisés, qui serait potentiellement capable de mettre fin au travail, ou du moins à certaines formes de travail.

Pour les partisans d’un revenu de base élevé (lire en priorité cet article à ce sujet, et lire cet article qui résume pas mal des thèses associées au revenu universel), c’est la promesse de la fin des travaux jugés dégradants, contraignants ou pénibles qui justifie leur approche : c’est une visée sociale de libération de l’individu de ces emplois aliénants. Ne plus avoir à accepter ce genre d’emploi serait bénéfique en soi, et il s’accompagnerait en outre d’un nouveau modèle de société au sein duquel chaque individu serait libre de choisir la manière d’occuper son temps, sans la contrainte d’avoir à gagner sa vie de manière abrutissante.

Si la conclusion paraît naturellement attrayante et enviable, je pense que jamais l’instauration d’un revenu de base ne permettra d’arriver à ces résultats, et qu’une telle mesure serait au contraire contre-productive.

Car disons-le tout de suite : je ne crois pas aux Bisounours !

Bisounours
Qu’ils sont mignons ! Tous unis sous le parapluie du revenu universel !

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La très énorme supercherie du revenu universel

Franchement, en m’enquérant de la question de la pauvreté et du montant de revenu permettant de vivre décemment en France, je ne me doutais pas que j’allais lever un lièvre de cette ampleur. L’ignorance a ses vertus, et je découvre à la fois amusé et pétrifié d’effroi, comme Alice au pays des merveilles, le grand lapin blanc que voici : le revenu universel ! (et ses nombreuses autres appellations)

 

Alice Lapin Blanc
Ce lapin blanc ne cherchait pas l’heure, mais souhaitait fixer le montant d’un hypothétique revenu universel

 

Références et jalons

Mais commençons par le commencement, en posant quelques repères bienvenus – car on verra dans quel fatras on va rapidement se retrouver !

D’abord, qui sait quel revenu mensuel il faut pour vivre « décemment » en France ? L’ONPES (Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale) nous répond très précisément : de 1 424 € par mois pour une personne seule à 3 515 € par mois pour un couple avec deux enfants se logeant dans le parc privé.

Le document [rapport annuel de l’ONPES] révèle les conclusions d’une enquête menée depuis trois ans pour évaluer les «budgets de référence», nécessaires pour «une participation effective à la vie sociale». Cette étude s’inscrit dans une réflexion menée au niveau européen, visant à déterminer «un revenu minimum décent».

On lira l’article cité ci-dessus et le rapport de l’ONPES pour consulter les différentes demandes subjectives effectuées par les personnes interrogées par l’ONPES pour déterminer les « besoins » correspondant à cette « participation effective à la vie sociale », c’est-à-dire, en résumé, vivre relativement confortablement et profiter convenablement de ce qu’offre le niveau de vie en France. Le rapport indique notamment s’appuyer sur la méthode du consensus éclairé, c’est-à-dire de demander leur opinion aux principaux intéressés (les citoyens) plutôt que de concevoir un cadre théorique.

Voilà donc le niveau de revenu auquel le Français de 2015 prétend a minima : en dessous de celui-ci, il se trouverait par conséquent frustré car privé d’un certain nombre de possibilités offertes par la société contemporaine.

 

Autre mesure de la pauvreté, proposé cette fois dans le cadre de la politique de la Ville, en juin 2014, par le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem (qui n’était pas encore Ministre de l’Education) :

Ont été retenues les zones où plus de la moitié de la population vit avec moins de 11 250 euros par an et par foyer, soit 60% du revenu médian national (avec une pondération selon le niveau de vie dans l’agglomération). Environ 1 300 quartiers de 700 communes seront désormais concernés.

[…]

Après un premier programme entamé en 2003 qui a concerné 500 quartiers et doté de 12 milliards d’euros de subventions, l’Etat doit lancer à l’automne un second programme avec 5 milliards de fonds publics. En bénéficieront 200 quartiers qui figurent sur la nouvelle carte de la pauvreté et qui présentent les « dysfonctionnements urbains les plus importants ».

Des zones composées de foyers qui gagnent en moyenne un peu moins de 1 000 € par mois sont considérées représenter des îlots de pauvreté pour lesquels doit être entamée une action prioritaire. Ce qui est cohérent avec l’estimation du seuil de pauvreté en France : 987 € en 2012. « En 2012, 13,9 % de la population française vit en dessous du seuil de pauvreté ».

 

Dernier jalon à fixer, celui de la richesse :

Pour nos concitoyens, le riche c’est celui qui gagne en gros deux à trois fois plus que celui qu’on interroge : 4500 euros pour les Français aux revenus les plus modestes (moins de 1 500 euros de revenus par mois), 5000 euros pour les 50% de Français aux revenus moyens (2 500 euros par mois) et 8 000 euros pour les 25% de Français gagnant plus de 3 500 euros par mois.

Point intéressant à noter, l’évolution de la perception de la richesse ces dernières années, selon Odoxa :

La richesse perçue est corrélée à son propre niveau de revenu et surtout a très nettement baissé depuis ces dernières années.

Alors que les Français interrogés en 2011 considéraient que l’on est « riche » à partir d’un revenu de 6000 euros par mois, ce seuil est tombé 4 ans plus tard à 5000 euros par mois. Pour le patrimoine on considérait que l’on était « riche » en 2011 à partir de 1.000.000 d’euros. 4 ans plus tard, ce niveau a été divisé par deux pour chuter à 500.000 euros aujourd’hui.

 

Partant donc de l’analyse statistique et de ce que les gens déclarent, nous allons maintenant entrer dans la sphère nébuleuse de ce que les idéologues décrètent. Attention, ça secoue ! Car j’ai l’impression que ce sujet à la mode accapare de nombreux sujets de thèses pour les doctorants-aspirants-chercheurs et agite un certain microcosme d’économistes et d’agitateurs d’idées qui pensent y trouver un véritable moyen de subsistance : le revenu universel est d’abord leur propre revenu !

 

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De l’usage néfaste du slogan

Le slogan est devenu le format d’expression privilégié, pour un ensemble de raisons qu’il est nécessaire de démystifier. Chaque jour apporte son lot de nouveaux slogans, qui rencontrent des succès divers. On baigne tellement dans cette accumulation névrotique que le slogan est quasiment devenu un moyen d’expression naturel. Il n’est plus fabriqué en laboratoire par des docteurs ès-communication pour appuyer une stratégie commerciale ou politicienne ; il est devenu un trait d’esprit quasi-instantané, une bonne blague ou un saut d’humeur.

Démocratisé, le slogan. Si bien qu’on devient indifférent à cet objet du quotidien. Anodin, l’est-il vraiment pour autant ?

Toute chose devenue si familière qu’on ne la remarque plus mérite suspicion.

Voilà une bonne devise paranoïaque et de prudence essentielle. Dans Fight Club, cela est dit autrement :

Les choses que l’on possède finissent par nous posséder.

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Un appartement fort bien achalandé

Mais cette précaution est autant valable pour les objets de consommation et nos prétendus besoins d’équipement que pour les habitudes et pensées tellement ancrées en nous que nous ne savons plus les différencier de nous-mêmes : nous leur appartenons.

Les slogans font définitivement partie de cette vermine insidieuse.

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De l’importance des (re)définitions

Les deux grands intellectuels ennemis sont au moins d’accord là-dessus, et ce n’est pas moi qui vais les contredire :

La fonction de l’écrivain est d’appeler un chat un chat. Si les mots sont malades, c’est à nous de les guérir.

– Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?

 

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.

– Attribué à Albert Camus

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Se faire mettre à l’amende par un gus en soutane

Le Pape François 1er a asséné quelques douloureuses vérités lors de son discours au parlement européen à Strasbourg, le 25 novembre 2014.

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Le point blanc au centre, c’est François 1er

Pas de quoi chambouler un hémicycle de vieux briscards de la politique ? Pas si sûr…

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Les vendeurs d’avenir

Comment prend-on ses décisions ?

Selon deux types de critères : le premier correspond à ses valeurs et ses croyances propres, ce que l’on croit juste de décider. Le second est l’anticipation de l’avenir. Ce second type de critères se décompose lui-même en deux axes :

  • Ce qu’il est possible qu’il advienne en décidant telle ou telle chose d’une part : c’est notre capacité estimée à influencer le futur.
  • Ce que nous croyons qu’il adviendra nécessairement, et que nous devons prendre en compte dans nos choix : c’est le futur qui s’impose à nous.

Or, moins on est sûr de ses valeurs, moins on croit en sa capacité à influencer l’avenir, et plus on va considérer l’avenir comme un mouvement inéluctable que l’on a intérêt à anticiper afin qu’il nous soit favorable. Est-ce à cause d’une défiance généralisée et d’un manque de confiance en eux que les politiciens font pulluler les vendeurs d’avenir auprès d’eux ?

L’ouvrage La politique des oracles : raconter le futur aujourd’hui de Ariel Colonomos nous dépeint cette situation fort peu engageante. Je laisse le soin à son auteur de le présenter :

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Mes aïeux et mon pedigree

Comme j’ai critiqué les influences arbitraires qui gouvernent notre pensée et font de nous des héritiers plutôt que des discordants, il est donc honnête que je procède à l’élucidation de mon pedigree.

Je dois donc ouvrir la porte aux fantômes, à ces images et récits de ma jeunesse que je sais travailler pour toujours mon inconscient.

 

Je hais les voyages et les explorateurs.

– Claude Lévi-Strauss, incipit de Tristes Tropiques

 

 

Je vais vous parler de mes aïeux, qui ne furent ni des voyageurs, ni des explorateurs, mais qui vécurent cent vies chacun, en hommes d’action cosmopolites.

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Des richesses à la richesse : un dévoiement du progrès en capital ?

On fait souvent une confusion entre la richesse et les richesses.

C’est un problème de fond, qui fait que l’on croit qu’il faut que des individus s’enrichissent pécuniairement (ils obtiennent alors la richesse) pour produire des richesses, c’est-à-dire, pour employer provisoirement un champ très large, de l’activité économique. C’est la confusion que Macron laisse échapper lorsqu’il déclare :

L’économie du Net est une économie de superstars. Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires.

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