Archives de catégorie : Spiritualité

La quête de sens

J’en étais à ce point précis où se dessine le choix crucial d’une vie. Ayant pris conscience de ma mortalité, je pouvais continuer à vivre comme une bête ou devenir un homme.

Voici comment je conçois la quête de sens.

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Transcendance alcoolisée

La transcendance alcoolisée, ce sentiment de dépassement et de perte de soi dans le groupe tout en plongeant en soi, une fusion avec les autres et le monde, pas une communion aseptisée, mais le bruit et la fureur.

Les princes de la cuite, les seigneurs, ceux avec qui tu buvais le coup dans le temps, mais qui ont toujours fait verre à part. Dis-toi bien que tes clients et toi ils vous laissent à vos putasseries, les seigneurs ; ils sont à cent mille verres de vous. Eux, ils tutoient les anges. […] Vous avez le vin petit et la cuite mesquine ; dans le fond, vous ne méritez pas de boire.

– Gabin, dans Un singe en hiver (Henri Verneuil)

Un singe en hiver
Singeries ou célébrations tribales ?

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Qui prêcher ?

D’accord, vous avez quelque chose à dire, vous êtes un héros-citoyen qui fait son travail d’écriture. Mais pour qui faut-il écrire ? A qui allez-vous vous adresser ?

Pour soi d’abord, charité bien ordonnée commence par soi-même ; écrire permet, en premier lieu, de réifier ses idées, de les confronter à leurs mots et de lutter contre soi afin de faire émerger une chose, une production, qui n’est plus (en) soi et gagne son indépendance. La surprise de l’écrivain envers son texte est la preuve qu’il a su extraire davantage de lui-même que ce qu’il pensait connaître. C’est un dépassement de soi. Julien Gracq écrit, dans En lisant en écrivant, que les écrivains sont :

Des hérétiques enfermés chacun dans leur hérésie singulière, et qui ne veulent pas de la communion des saints [car] leur jardin d’Eden reste à jamais celui des sentiers qui bifurquent.

On doit tirer une certaine satisfaction, en croyant avoir emprunté une ligne droite (celle de son intuition), à se voir contraint d’arpenter des chemins de traverse (des idées et des faits qui nous contredisent et nous dérangent). Ce n’est pas perdre son temps en variations stériles et infinies, mais au contraire laisser l’écriture révéler nos contradictions, nos écarts, nos faiblesses – avant d’exiger de nous-mêmes que nous y remédions.

Comme l’écrivain se surprend sous sa plume (ou son clavier), comment pourrait-il raisonnablement savoir pour qui il écrit ?

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Positionnement par rapport au travail universitaire

Ceux qui parviennent au statut d’enseignant universitaire n’imaginent même pas qu’une évolution politique puisse avoir le moindre effet sur leur carrière ; ils se sentent absolument intouchables.

– Houellebecq, Soumission

Cette phrase est représentative de la qualité de la production de Houellebecq : elle ne dit pas grand chose, ou elle en dit énormément. Le lecteur doit faire le boulot, car Michel est déjà passé à autre chose. En lisant en écrivant, suivons donc une devise de Gracq !

Sûrement ont-ils raison, ces universitaires parvenus, de ne trop rien craindre. A moins que cette évolution politique ne soit d’une ampleur telle qu’elle mette fin à l’Etat de droit républicain, mais même dans ce cas, ce n’est pas la carrière de l’universitaire qui serait remise en cause (on lui demanderait quelques ajustements, on supprimerait des bibliothèques certains ouvrages…). C’est sur un plan privé que les véritables changements auraient lieu : il ne faudrait pas avoir la « mauvaise » couleur de peau ou la « mauvaise » religion… Car même les nazis, grands brûleurs de livres, n’ont pas eu à l’égard du milieu universitaire d’attitude si belliqueuse. Dans leurs « 12 propositions contre l’esprit non-allemand », ils demandèrent « simplement » une nouvelle discipline ; extraits :

6. Nous voulons éradiquer le mensonge, nous voulons marquer la trahison au fer rouge, nous voulons que les étudiants se trouvent non pas dans un état d’ignorance, mais de culture et de conscience politique.

8. Nous exigeons que les étudiants allemands fassent preuve de la volonté et de la capacité à apprendre et à faire des choix de façon autonome. [une autonomie bornée, donc…]

10. Nous exigeons que les étudiants allemands fassent preuve de la volonté et de la capacité à triompher de l’intellectualisme juif et de ses chimères libérales sur la scène intellectuelle allemande.

11. Nous exigeons que les étudiants et les professeurs soient sélectionnés en fonction des garanties qu’ils présentent de ne pas mettre en danger l’esprit allemand.

12. Nous exigeons que les facultés soient le sanctuaire de l’identité allemande et le lieu d’où partira l’offensive de l’esprit allemand dans toute sa puissance.

On le constate, l’universitaire, même au sein d’idéologies totalitaires (et peut-être surtout en leur sein) dispose de rôles considérables à jouer. Celui de gardien du sanctuaire d’abord. Évocation du sacré de la nation (« l’esprit allemand »), ou nationalisme, qui est donc bien une religion parmi d’autres. Mais aussi celui du conquérant : car toute idéologie a besoin de prosélytes lettrés capables de défendre et justifier doctement ce qui ne relève, in fine, que de la croyance subjective – et de supplanter d’autres pensées ou croyances (« l’intellectualisme juif et ses chimères libérales », dans le cas nazi).

Mais quel universitaire d’aujourd’hui ne s’exclamerait : « c’est de l’idéologie nazie ! Et mon travail est scientifique : j’observe le réel d’un œil rationnel et désintéressé. La notion même d’idéologie est néfaste, non-scientifique, abandonnée, non-sérieuse : c’est du passé! »

Pourtant il faut bien se la poser, cette question de l’idéologie ! D’une part pour confronter l’objectivisme, et d’autre part pour être capable de reconquérir le sens de l’Histoire.

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Verbiage philosophique

Combien de temps perdu ?

Combien d’années passées ?

A ne produire que des questions sans réponse, à brasser de l’air ? A errer dans la production hallucinante de termes et de concepts sans moyens ni fins, dans l’onanisme de son autosatisfaction intellectuelle ?

Voilà pourquoi être philosophe, ou intellectuel, ne peut être une profession – sauf si ces capacités se mettent au service d’une cause, et dans ce cas deviennent moyen ; mais dans ce cas, le philosophe entreprend la politique, et alors il doit se déshabiller et avouer ses mobiles et tentations secrètes : ne plus faire preuve d’aucune dissimulation logique (au contraire de fausses sciences) et assumer ses influences profondes, jusqu’à entreprendre de nécessaires confessions.

L’écriture est une aventure. Au début c’est un jeu, puis c’est une amante, ensuite c’est un maître et ça devient un tyran.

– Churchill

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Les raisons de l’émigration – humanisation des migrants

Fuir. Fuir hier les Ceausescu, les Mobutu, les Pinochet… Fuir aujourd’hui les Bachar, les Afeworki, les Daech, les Boko Haram, les Shebabs…

Partir, la sueur salée, piétiner, vaincre le désert, on ne naît pas pour mourir emportés par les mirages du sable ; survivre et marcher vers la mer. Et grâce à la vie, espérer ; espérer : accoster sur l’autre rive de la vie et être accueilli les bras ouverts ! Être accueilli ! Nous sommes tous reliés les uns aux autres comme les fils d’une même toile d’araignée, n’est-ce pas ?

– David Gakunzi (article ici)

L’émigration ou la mort. Je ne parle donc pas de l’expatrié pour raisons éducatives, économiques ou fiscales. Je ne parle pas de celui qui a le bon passeport pour franchir les frontières, ou qui possède la bonne ambassade pour lui délivrer un visa en bonne et due forme.

Je parle bien ici d’émigration et pas d’immigration, c’est-à-dire que je prends dans cet article le point de vue du migrant, et non celui de l’accueillant. La problématique de l’accueillant est aussi importante ; elle sera traitée dans un prochain article.

Cette excellente vidéo du Monde (de la série Cartes sur Table, source ici) présente l’état des lieux des migrations subies de populations vers l’Europe :


Cartes sur Table : comprendre les migrations… par Le Monde

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Le cynique espoir du patronat mondialisé

Le cynisme est la seule forme sous laquelle les âmes basses frisent ce que l’on appelle la sincérité.

– Nietzsche, Par-delà le bien et le mal

 

Au détour de mes lectures de presse, je n’ai pu m’empêcher de remarquer le formidable conformisme de pensée de notre patronat mondialisé. Ces grands patrons d’entreprises mondiales semblent hantés par la même mégalomanie messianique : une foi en eux-mêmes et en leur rôle fondamental au sein d’entreprises qui font chaque jour un monde meilleur.

Deux exemples en particulier : Carlos Ghosn (PDG de Renault-Nissan) et Patrick Pouyanné (successeur de l’écrasé Christophe de Margerie aux commandes de Total).

Patronat n°2 : Patrick Pouyanne
Pendant que Pouyanné se marre… (calife à la place du calife…)

Patronat n°1 : carlos ghosn
… Ghosn donne des cours très particuliers de conduite aux néophytes (« Alors là, c’est la radio. Il y a la climatisation aussi… – Ah, quand même, c’est moderne Renault ! – Oui, on a mis un GéPéeSse et le bloutousse aussi. – Pas croyable ! On est vraiment en avance dans la domotique en France !« )

Les interventions de ces grands patrons auprès des médias sont toujours un savant mélange de communication promotionnelle et de pseudo-expertise sur leur domaine (en réalité, ils ne comprennent que les executive summariesnotes pour les décideurs – que leurs équipes rédigent à leur intention).

Voyons de quoi il retourne.

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Radicalité contre fanatisme et martyr

J’ai dû lire quelque part (certainement dans Rock’n’Folk) que Lenny Kravitz aurait déclaré :

It’s time to get hardcore.

(Il est temps de devenir radical)

Est-ce parce qu’il a coupé ses locks ?

lenny_kravitz_locks
Lock-ed

lenny_kravitz_no_locks
Un-lock-ed (mais toujours lunetté)

 

Mais, au fait, que signifie être radical ?

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Se faire mettre à l’amende par un gus en soutane

Le Pape François 1er a asséné quelques douloureuses vérités lors de son discours au parlement européen à Strasbourg, le 25 novembre 2014.

pape_francois_parlement_europeen
Le point blanc au centre, c’est François 1er

Pas de quoi chambouler un hémicycle de vieux briscards de la politique ? Pas si sûr…

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