Archives par mot-clé : croissance

Le mythe de la croissance économique infinie

Tout comme le « capitalisme » ne peut être confondu avec cette forme particulière qu’est le « capitalisme bourgeois », la « croissance » (ou développement, ou progrès) ne saurait être restreinte à la croissance économique. C’est de cette dernière précisément dont je vais parler ici, ayant déjà donné mon point de vue sur la croissance (tout court) et ses détracteurs ici et . Mais de mauvaises habitudes poussent la plupart des personnes à dire « croissance » quand ils désignent en réalité la croissance économique – choses mal nommées qui ajoutent donc du malheur au monde, selon l’expression de Camus.

Quelles sont les tendances pour demain : croissance économique, seras-tu là ? Stagnation séculaire à venir ou simple mouvement cycliqueun bon vieux Kondratiev-Schumpeter, notamment, mené par les avancées technologiques ? Rien ne sert de demander aux oracles, nous avons toutes les cartes en main (ou, à défaut, il faut nous en doter) pour créer le monde que nous désirons, et cesser de vivre dans celui que nous subissons : la fuite en avant cynique du capitalisme bourgeois et sa dévotion au mythe de la croissance économique infinie, dont je veux exposer ici les rouages.

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Saint pouvoir d’achat

Si le mythe de la croissance économique infinie est un large système englobant, une gangue économico-historico-culturelle, une civilisation en soi, une conception du monde, alors le pouvoir d’achat en est son incarnation.

Incarnation à double titre. Incarnation personnelle, d’abord, parce que les individus de la civilisation de la croissance infinie (ou capitalisme bourgeois) se définissent par leur pouvoir d’achat, s’identifient à lui (ils deviennent ce qu’ils possèdent), lui sont ontologiquement associés (c’est-à-dire, assimilés à leur pouvoir d’achat d’un point de vue extérieur pragmatique et dépendants de lui dans chaque aspect de leur existence – de leur être-au-monde) : chacun est une part du mythe de la croissance économique infinie, à la fois acteur et jouet de ce mythe.

Incarnation collective, aussi, car c’est par le pouvoir d’achat que le politicien (grand prêcheur du mythe) s’adresse à tous à la fois, et que chacun, en tant qu’ENUC, se sent concerné par ce discours : le pouvoir d’achat permet de constituer la collectivité, le bien commun, le symbole unanime, le crucifix du mythe de la croissance infinie. Il constitue l’interface concrète entre le vaste monde désincarné et lointain (que l’on aurait toutes les raisons d’ignorer – selon certains) et la routine locale (à laquelle est conférée une suprême importance – toujours par les mêmes) – les querelles de clocher toujours prépondérantes sur les grands enjeux de notre temps : si les médias de masse abordent les soubresauts géopolitiques d’une région du monde que le matérialiste saurait à peine situer sur une mappemonde vierge, c’est parce que, au-delà du sensationnalisme et du spectaculaire terrifiant des images et des récits, ces événements brumeux menacent son porte-monnaie.

Dans la civilisation occidentale actuelle (et sa large exportation de par le monde), le pouvoir d’achat semble constituer, plus encore qu’une simple préoccupation, qu’une proximité sociale ou qu’un lien hiérarchique, à la fois notre propre intimité et notre rapport public au monde.

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Nouvelles de la croissance chinoise

L’atelier du monde ne veut plus suer ! Ces fainéants de chinois se rebiffent et leur bol de riz quotidien ne les anime plus de la même ferveur au travail que du temps jadis !

La baisse de la rentabilité des usines chinoises et taïwanaises, c’est-à-dire, pour parler plus humainement, la hausse des salaires des ouvriers chinois (+30% de 2012 à 2014 dans la ville-industrie de Dongguan, hausse du salaire minimum dans la province du Guangdong de 143€ en 2010 à 229€ en 2015) et le plus grand niveau de revendication sociale (grèves, affrontements, syndicats, refus des nouvelles générations de travailler aux mêmes conditions stakhanovistes que leurs aînés) ont fait de la Chine une terre de désindustrialisation pour les produits bas de gamme.

Apple_Foxconn_Chine
Même pas contents de participer à la glorieuse révolution économique numérique et à l’économie du partage !

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Nabilla rime-t-elle avec Cloaca ?

Je l’avoue, Nabilla m’a bien fait marrer. Mais comment peut-on décemment résister à cette séquence d’anthologie ?

 

Il y a chez la bimbo un mélange de naïveté et de sincérité qui vont droit au cœur : son outrance tellement sincère ; son appel tragique à la Apollo 13, « allô, j’sais pas, vous me recevez ? », accompagné d’un geste désespéré (essayer de téléphoner avec sa main, tout le monde sait que ça ne marche pas) ; son doute existentiel « t’es une fille, t’as pas de shampooing !!??!! », c’est comme si on avait remis en cause l’héliocentrisme, la théorie de la gravité et celle de l’évolution en même temps qu’on découvrait la physique quantique ; son analogie transcendantale « c’est comme si je te dis : t’es une fille, t’as pas de cheveux ». Cette conjugaison incroyable et inespérée contribue à faire de cette séquence un moment qui restera dans l’Histoire.

En tout cas, si Tom Hanks avait utilisé de tels arguments, sûr que Houston se serait autrement démené pour tirer du guêpier son équipe d’astronautes américains. D’ailleurs, je suis certain que le fait que l’émission ait eu lieu en Floride, près de Cap Canaveral, n’est pas un hasard. Les producteurs avaient cette ambition colossale de détrôner Neil Armstrong, près du lieu même qui servit de décollage à la fusée qui emmena le premier homme sur la lune :

C’est un petit pas pour l’homme, un pas de géant pour l’humanité.

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