Archives de catégorie : Thèmes

La peur de perdre : le sentiment du déclassement et ses conséquences

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut préciser ceci en préambule : quel que soit son statut, un Occidental est un insider ; il fait partie de cette frange minoritaire de la population mondiale qui dispose de plus de droits et de plus de libertés que son alter-ego non-Occidental. Il a avec lui un passeport efficace, qui lui offre le loisir d’errer d’Est en Ouest et du Nord au Sud sans jamais porter la marque du migrant ou du réfugié.

Ainsi, lorsque l’on parle de pauvreté, il faut toujours savoir de quelle pauvreté il s’agit, et de qui elle est le bourreau.

Kerviel invite par Jean-Luc Mélenchon à la fête de l'Huma
Le pôvre Kerviel dans les bras de tonton Mélenchon à la fête de l’Huma : l’Internationale réconforte les miséreux !

Ces précautions étant posées, je peux désormais me mettre sereinement au chevet de mes compatriotes pour écouter leurs sanglots longs : leur sentiment de déclin et leur peur du déclassement, qui ne sont autres que la peur de perdre. Or, pour avoir peur de perdre, il faut encore avoir :

C’est pourquoi ceux qui n’ont rien vivent souvent dans l’espoir, et ceux qui ont tout vivent fréquemment dans la peur.

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Le retour aux racines – quand on en a le choix !

Sylvain Tesson nous fait le coup du retour à la nature !

Dans un article paru dans le magazine Le Point du 28 mai (article en ligne ici), il vitupère contre un rapport sénatorial traitant de l’inégalité des territoires et notamment de l’hyper-ruralité :

Pour un cerveau techno, la « ruralité » n’est pas une vertu, mais une malédiction : le rapport déplore l’arriération de ces territoires qui échappent au numérique, sont mal desservis, pas assez urbanisés, privés de grands commerces, d’accès aux administrations. Ce que nous autres, pauvres cloches romantiques, tenons pour un luxe – le silence, l’ensauvagement, la préservation naturelle – est considéré dans ces pages comme une catégorie du sous-développement. […]

Le Wifi, l’asphalte, les centres commerciaux, les ronds-points et les zones d’activités ramèneront ces trous noirs dans la modernité heureuse !

 

Pour enfoncer le clou, il cite Cioran :

L’intérêt que le civilisé porte aux peuples dits arriérés est des plus suspects… La civilisation, son œuvre, sa folie, lui apparaît comme un châtiment qu’il s’est infligé et qu’il voudrait à son tour faire subir à ceux qui y ont échappé jusqu’ici.

mythe du bon sauvage
Sylvain Tesson en plein mythe du bon sauvage !

Or, ces propos constituent une critique très à charge et fallacieuse du rapport Hyper-Ruralité produit par un sénateur (comme quoi, rien n’est impossible !).

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Le marché a toujours raison

Dans le monde de la finance, il est une expression bien connue de tous :

Le marché a toujours raison

Et ce, même s’il a tort face à la théorie et à la raison, et même s’il se comporte de manière excessive et déraisonnable, c’est quand même lui qui, in fine, à raison : car seul le marché existe. Il dispose de la raison du plus fort.

Car le marché peut contredire à la fois les analyses théoriques macro- et micro-économiques. De toute manière, il suffit de voir les « experts » de la finance et les économistes se contredire en permanence pour comprendre que la science économique est encore loin de disposer de la précision des axiomes mathématiques et des lois universelles de la physique.

On en serait plutôt au stade de la neurobiologie : on dispose de bases solides, mais tout reste à comprendre.

Vouloir aller contre le marché, pensent les traders, c’est se comporter comme Don Quichotte face à des moulins à vent.

 

Don Quichotte
Don Quichotte contre les moulins à vent – par Terry Gilliam (réalisera-t-il un jour ce film ?)

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Maslow : conditions humaines, conditions sociales

Non, Abraham Maslow n’était pas Pharaon…
… mais il a pourtant érigé une pyramide qui est une merveille du monde

Pyramide Maslow
La célèbre pyramide des besoins de Maslow

D’habitude, le simple énoncé de sa profession (psychologue) aurait dû discréditer toute pensée émanant de cet homme. Pourtant, c’est parfois des ténèbres que surgissent les plus belles illuminations. Abraham Maslow établit ainsi une cartographie de la condition humaine si simple et limpide qu’elle paraît trop belle pour être vraie… et pourtant !

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Utopia

Finalement, nous prîmes la route du retour vers Utopia, capitale du royaume. Les détails de sa fondation restent obscurs. Dans l’antique bibliothèque d’Antioche, de vieux parchemins parlent d’une nouvelle Byzance érigée à l’Ouest de la Mer Intérieure par des esclaves affranchis de l’Empire romain.

Quand un étranger s’éblouit devant la magnificence actuelle de la cité, il n’est pas un Utopien pour lui rappeler qu’elle ne fût à l’origine qu’un campement de réfugiés venant de toutes les parties de l’Empire Romain décadent. Cette modestie n’est maintenant qu’une coquetterie superficielle, tant les contemporains, bercés dans la magnificence du glorieux empire, goûtent le luxe comme leur pain quotidien.

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De la représentativité en démocratie pour répondre à la question du droit et des moeurs

Comment répondre à cette vieille question de juriste :

Sont-ce les mœurs qui font le droit, ou le droit qui fait les mœurs ?

Horace posait déjà la question ainsi :

Que sont les lois sans les mœurs, que sont les mœurs sans les lois ?

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Saucissonnage intellectuel contre pensée systémique

On sait faire des tranches de saucisson à partir d’un porc. Mais il est impossible de recréer le porc à partir de tranches de saucisson.

Alors pourquoi s’acharner à saucissonner les enjeux du monde en autant de variations parcellaires et par conséquent partiales : sujets sociaux, économiques, juridiques, écologiques, etc.

Saucisson de cochon
Essayez de m’en faire un cochon !

Tripes de Cochon
C’est bien essayé, mais ça ne marche pas !

On voit bien qu’entre le cochon et la charcuterie, c’est une relation à sens unique !

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La Grèce et l’Europe : étude de cas clinique

Excellent article de Clément Lacombe paru dans Le Point du 4 juin 2015, « La Grèce et nous: chronique secrète d’une liaison fatale », consultable en ligne (en quatre parties : 1, 2, 3 et 4).

On parle de plus en plus ces jours-ci d’un défaut de paiement de la dette grecque, ravivant les peurs d’une sortie de la Grèce de la zone Euro – le Grexit (encore un slogan !). L’article revient sur la genèse de l’adhésion de la Grèce à l’Union Européenne et à son adoption de la monnaie unique européenne.

Drachme
Back to Drachme ?

De cette chronique, on peut tirer de nombreux enseignements sur les croyances auxquelles nous restons soumis. J’y vois même un cas clinique : l’étude de la succession des errements des différents acteurs qui nous ont mené à la désastreuse situation actuelle montre à quel point les croyances, bien plus que la rationalité, ont présidé des décisions d’importance capitale.

Mais qui sont les comédiens de cette tragédie… grecque ?

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Plasticité du cerveau

Étant donné que je ne suis ni neurochirurgien ni neurobiologiste, je ne vais pas m’étendre sur un éventuel état de l’art scientifique de cette discipline, mais j’aborderai ce sujet sous l’angle fondamental de la compréhension de notre subjectivité et de notre responsabilité en tant qu’individus capables de libre arbitre :

La plasticité neuronale

Cerveau
Cerveau en mouvement : tempête sous un crâne

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Ma conception de l’enseignement de l’acte de philosopher

Après avoir rédigé une critique de l’enseignement philosophique contemporain ici, voici ma définition de la philosophie et de ce que je considère être sa suprême utilité – dans le cadre subjectif de ce qui serait ma barbarie.

En préambule, il faut dire ceci : que le « programme » que j’envisage est irréalisable en une année d’enseignement. Il faudrait au moins compter trois années, avec des élèves pris à l’âge de 15 ans.

Ce que philosopher devrait être : une ouverture, un décrochage du temps présent, une sortie de soi-même et de la société, une aventure des possibles, des tentatives personnelles et globales. Car il me semble fondamental pour la construction de l’esprit d’innovation, d’éviter de laisser la jeunesse baigner dans sa marinade (celle dans laquelle on l’a plongée).

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