Archives de catégorie : 1.2 (re)Définitions

Fil conducteur

J’avais déjà, huit ans avant de commencer ce blog, ces idées embryonnaires, ces intuitions en germe ! Après les avoir oubliées sans les avoir niées, impressions inconscientes de ma lecture du monde, voici que je les retrouve et reprends mon fil conducteur là où je l’avais laissé – avec quelques rides naissantes et une expérience d’adulte-travailleur-parent.

Les voici :

  • l’idée anti-communiste, ou anti-catholique, qu’une forme d’égalité effective des hommes ne peut, ou ne doit, jamais être totalement réalisée sous peine de condamner l’humanité à une forme de stérilité – car à l’absence de motivation à être, de quête de sens, s’associerait une dissolution dans un néant anhistorique : un totalitarisme,
  • l’idée que l’humanité peut devenir une communauté continue sans barrières entre des individus frères ayant chacun leur vécu, leur histoire et leur sensibilité – un cosmopolitisme pluriel.

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Radicalité contre fanatisme et martyr

J’ai dû lire quelque part (certainement dans Rock’n’Folk) que Lenny Kravitz aurait déclaré :

It’s time to get hardcore.

(Il est temps de devenir radical)

Est-ce parce qu’il a coupé ses locks ?

lenny_kravitz_locks
Lock-ed

lenny_kravitz_no_locks
Un-lock-ed (mais toujours lunetté)

 

Mais, au fait, que signifie être radical ?

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Du travail à la civilisation (et inversement)

Le concept de « revenu universel » (ou revenu de base) oblige à considérer le sens et la fonction du travail dans l’hypothèse d’une société jugée riche, aux moyens de production fortement automatisés, qui serait potentiellement capable de mettre fin au travail, ou du moins à certaines formes de travail.

Pour les partisans d’un revenu de base élevé (lire en priorité cet article à ce sujet, et lire cet article qui résume pas mal des thèses associées au revenu universel), c’est la promesse de la fin des travaux jugés dégradants, contraignants ou pénibles qui justifie leur approche : c’est une visée sociale de libération de l’individu de ces emplois aliénants. Ne plus avoir à accepter ce genre d’emploi serait bénéfique en soi, et il s’accompagnerait en outre d’un nouveau modèle de société au sein duquel chaque individu serait libre de choisir la manière d’occuper son temps, sans la contrainte d’avoir à gagner sa vie de manière abrutissante.

Si la conclusion paraît naturellement attrayante et enviable, je pense que jamais l’instauration d’un revenu de base ne permettra d’arriver à ces résultats, et qu’une telle mesure serait au contraire contre-productive.

Car disons-le tout de suite : je ne crois pas aux Bisounours !

Bisounours
Qu’ils sont mignons ! Tous unis sous le parapluie du revenu universel !

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La très énorme supercherie du revenu universel

Franchement, en m’enquérant de la question de la pauvreté et du montant de revenu permettant de vivre décemment en France, je ne me doutais pas que j’allais lever un lièvre de cette ampleur. L’ignorance a ses vertus, et je découvre à la fois amusé et pétrifié d’effroi, comme Alice au pays des merveilles, le grand lapin blanc que voici : le revenu universel ! (et ses nombreuses autres appellations)

 

Alice Lapin Blanc
Ce lapin blanc ne cherchait pas l’heure, mais souhaitait fixer le montant d’un hypothétique revenu universel

 

Références et jalons

Mais commençons par le commencement, en posant quelques repères bienvenus – car on verra dans quel fatras on va rapidement se retrouver !

D’abord, qui sait quel revenu mensuel il faut pour vivre « décemment » en France ? L’ONPES (Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale) nous répond très précisément : de 1 424 € par mois pour une personne seule à 3 515 € par mois pour un couple avec deux enfants se logeant dans le parc privé.

Le document [rapport annuel de l’ONPES] révèle les conclusions d’une enquête menée depuis trois ans pour évaluer les «budgets de référence», nécessaires pour «une participation effective à la vie sociale». Cette étude s’inscrit dans une réflexion menée au niveau européen, visant à déterminer «un revenu minimum décent».

On lira l’article cité ci-dessus et le rapport de l’ONPES pour consulter les différentes demandes subjectives effectuées par les personnes interrogées par l’ONPES pour déterminer les « besoins » correspondant à cette « participation effective à la vie sociale », c’est-à-dire, en résumé, vivre relativement confortablement et profiter convenablement de ce qu’offre le niveau de vie en France. Le rapport indique notamment s’appuyer sur la méthode du consensus éclairé, c’est-à-dire de demander leur opinion aux principaux intéressés (les citoyens) plutôt que de concevoir un cadre théorique.

Voilà donc le niveau de revenu auquel le Français de 2015 prétend a minima : en dessous de celui-ci, il se trouverait par conséquent frustré car privé d’un certain nombre de possibilités offertes par la société contemporaine.

 

Autre mesure de la pauvreté, proposé cette fois dans le cadre de la politique de la Ville, en juin 2014, par le cabinet de Najat Vallaud-Belkacem (qui n’était pas encore Ministre de l’Education) :

Ont été retenues les zones où plus de la moitié de la population vit avec moins de 11 250 euros par an et par foyer, soit 60% du revenu médian national (avec une pondération selon le niveau de vie dans l’agglomération). Environ 1 300 quartiers de 700 communes seront désormais concernés.

[…]

Après un premier programme entamé en 2003 qui a concerné 500 quartiers et doté de 12 milliards d’euros de subventions, l’Etat doit lancer à l’automne un second programme avec 5 milliards de fonds publics. En bénéficieront 200 quartiers qui figurent sur la nouvelle carte de la pauvreté et qui présentent les « dysfonctionnements urbains les plus importants ».

Des zones composées de foyers qui gagnent en moyenne un peu moins de 1 000 € par mois sont considérées représenter des îlots de pauvreté pour lesquels doit être entamée une action prioritaire. Ce qui est cohérent avec l’estimation du seuil de pauvreté en France : 987 € en 2012. « En 2012, 13,9 % de la population française vit en dessous du seuil de pauvreté ».

 

Dernier jalon à fixer, celui de la richesse :

Pour nos concitoyens, le riche c’est celui qui gagne en gros deux à trois fois plus que celui qu’on interroge : 4500 euros pour les Français aux revenus les plus modestes (moins de 1 500 euros de revenus par mois), 5000 euros pour les 50% de Français aux revenus moyens (2 500 euros par mois) et 8 000 euros pour les 25% de Français gagnant plus de 3 500 euros par mois.

Point intéressant à noter, l’évolution de la perception de la richesse ces dernières années, selon Odoxa :

La richesse perçue est corrélée à son propre niveau de revenu et surtout a très nettement baissé depuis ces dernières années.

Alors que les Français interrogés en 2011 considéraient que l’on est « riche » à partir d’un revenu de 6000 euros par mois, ce seuil est tombé 4 ans plus tard à 5000 euros par mois. Pour le patrimoine on considérait que l’on était « riche » en 2011 à partir de 1.000.000 d’euros. 4 ans plus tard, ce niveau a été divisé par deux pour chuter à 500.000 euros aujourd’hui.

 

Partant donc de l’analyse statistique et de ce que les gens déclarent, nous allons maintenant entrer dans la sphère nébuleuse de ce que les idéologues décrètent. Attention, ça secoue ! Car j’ai l’impression que ce sujet à la mode accapare de nombreux sujets de thèses pour les doctorants-aspirants-chercheurs et agite un certain microcosme d’économistes et d’agitateurs d’idées qui pensent y trouver un véritable moyen de subsistance : le revenu universel est d’abord leur propre revenu !

 

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De l’usage néfaste du slogan

Le slogan est devenu le format d’expression privilégié, pour un ensemble de raisons qu’il est nécessaire de démystifier. Chaque jour apporte son lot de nouveaux slogans, qui rencontrent des succès divers. On baigne tellement dans cette accumulation névrotique que le slogan est quasiment devenu un moyen d’expression naturel. Il n’est plus fabriqué en laboratoire par des docteurs ès-communication pour appuyer une stratégie commerciale ou politicienne ; il est devenu un trait d’esprit quasi-instantané, une bonne blague ou un saut d’humeur.

Démocratisé, le slogan. Si bien qu’on devient indifférent à cet objet du quotidien. Anodin, l’est-il vraiment pour autant ?

Toute chose devenue si familière qu’on ne la remarque plus mérite suspicion.

Voilà une bonne devise paranoïaque et de prudence essentielle. Dans Fight Club, cela est dit autrement :

Les choses que l’on possède finissent par nous posséder.

fight_club_equipement
Un appartement fort bien achalandé

Mais cette précaution est autant valable pour les objets de consommation et nos prétendus besoins d’équipement que pour les habitudes et pensées tellement ancrées en nous que nous ne savons plus les différencier de nous-mêmes : nous leur appartenons.

Les slogans font définitivement partie de cette vermine insidieuse.

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De l’importance des (re)définitions

Les deux grands intellectuels ennemis sont au moins d’accord là-dessus, et ce n’est pas moi qui vais les contredire :

La fonction de l’écrivain est d’appeler un chat un chat. Si les mots sont malades, c’est à nous de les guérir.

– Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?

 

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.

– Attribué à Albert Camus

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Des richesses à la richesse : un dévoiement du progrès en capital ?

On fait souvent une confusion entre la richesse et les richesses.

C’est un problème de fond, qui fait que l’on croit qu’il faut que des individus s’enrichissent pécuniairement (ils obtiennent alors la richesse) pour produire des richesses, c’est-à-dire, pour employer provisoirement un champ très large, de l’activité économique. C’est la confusion que Macron laisse échapper lorsqu’il déclare :

L’économie du Net est une économie de superstars. Il faut des jeunes Français qui aient envie de devenir milliardaires.

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Maslow : conditions humaines, conditions sociales

Non, Abraham Maslow n’était pas Pharaon…
… mais il a pourtant érigé une pyramide qui est une merveille du monde

Pyramide Maslow
La célèbre pyramide des besoins de Maslow

D’habitude, le simple énoncé de sa profession (psychologue) aurait dû discréditer toute pensée émanant de cet homme. Pourtant, c’est parfois des ténèbres que surgissent les plus belles illuminations. Abraham Maslow établit ainsi une cartographie de la condition humaine si simple et limpide qu’elle paraît trop belle pour être vraie… et pourtant !

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Utopia

Finalement, nous prîmes la route du retour vers Utopia, capitale du royaume. Les détails de sa fondation restent obscurs. Dans l’antique bibliothèque d’Antioche, de vieux parchemins parlent d’une nouvelle Byzance érigée à l’Ouest de la Mer Intérieure par des esclaves affranchis de l’Empire romain.

Quand un étranger s’éblouit devant la magnificence actuelle de la cité, il n’est pas un Utopien pour lui rappeler qu’elle ne fût à l’origine qu’un campement de réfugiés venant de toutes les parties de l’Empire Romain décadent. Cette modestie n’est maintenant qu’une coquetterie superficielle, tant les contemporains, bercés dans la magnificence du glorieux empire, goûtent le luxe comme leur pain quotidien.

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Saucissonnage intellectuel contre pensée systémique

On sait faire des tranches de saucisson à partir d’un porc. Mais il est impossible de recréer le porc à partir de tranches de saucisson.

Alors pourquoi s’acharner à saucissonner les enjeux du monde en autant de variations parcellaires et par conséquent partiales : sujets sociaux, économiques, juridiques, écologiques, etc.

Saucisson de cochon
Essayez de m’en faire un cochon !

Tripes de Cochon
C’est bien essayé, mais ça ne marche pas !

On voit bien qu’entre le cochon et la charcuterie, c’est une relation à sens unique !

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