Archives de catégorie : Radicalité

Verbiage philosophique

Combien de temps perdu ?

Combien d’années passées ?

A ne produire que des questions sans réponse, à brasser de l’air ? A errer dans la production hallucinante de termes et de concepts sans moyens ni fins, dans l’onanisme de son autosatisfaction intellectuelle ?

Voilà pourquoi être philosophe, ou intellectuel, ne peut être une profession – sauf si ces capacités se mettent au service d’une cause, et dans ce cas deviennent moyen ; mais dans ce cas, le philosophe entreprend la politique, et alors il doit se déshabiller et avouer ses mobiles et tentations secrètes : ne plus faire preuve d’aucune dissimulation logique (au contraire de fausses sciences) et assumer ses influences profondes, jusqu’à entreprendre de nécessaires confessions.

L’écriture est une aventure. Au début c’est un jeu, puis c’est une amante, ensuite c’est un maître et ça devient un tyran.

– Churchill

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Le prix du savoir

Toujours se méfier des gens qui disent vouloir votre bien et qui commencent par s’intéresser à vos biens !

Ceux-là, quels que soient leur production, leur attitude, leur sympathie apparente et leur mode de communication, pensent toujours à une chose avant tout : eux-mêmes.

Car, qu’est-ce qu’écrire et faire publier un livre ? Un moyen, d’abord, de gagner sa vie : par conséquent, il faudrait fixer un prix au savoir, donc, nécessairement, s’intéresser à l’argent que le public serait prêt à donner pour acquérir l’ouvrage en question. La relation de l’écrivain au lecteur, Sartre la définit dans Qu’est-ce que la littérature ? :

L’écrivain, homme libre s’adressant à des hommes libres, n’a qu’un seul sujet : la liberté.

Posture idéaliste que Sartre reconnaît lui-même comme telle. Il semble qu’une relation de nature bien plus pragmatique lui soit substituée : celle de l’offre et de la demande – une économie de marché du savoir.

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Les raisons de l’émigration – humanisation des migrants

Fuir. Fuir hier les Ceausescu, les Mobutu, les Pinochet… Fuir aujourd’hui les Bachar, les Afeworki, les Daech, les Boko Haram, les Shebabs…

Partir, la sueur salée, piétiner, vaincre le désert, on ne naît pas pour mourir emportés par les mirages du sable ; survivre et marcher vers la mer. Et grâce à la vie, espérer ; espérer : accoster sur l’autre rive de la vie et être accueilli les bras ouverts ! Être accueilli ! Nous sommes tous reliés les uns aux autres comme les fils d’une même toile d’araignée, n’est-ce pas ?

– David Gakunzi (article ici)

L’émigration ou la mort. Je ne parle donc pas de l’expatrié pour raisons éducatives, économiques ou fiscales. Je ne parle pas de celui qui a le bon passeport pour franchir les frontières, ou qui possède la bonne ambassade pour lui délivrer un visa en bonne et due forme.

Je parle bien ici d’émigration et pas d’immigration, c’est-à-dire que je prends dans cet article le point de vue du migrant, et non celui de l’accueillant. La problématique de l’accueillant est aussi importante ; elle sera traitée dans un prochain article.

Cette excellente vidéo du Monde (de la série Cartes sur Table, source ici) présente l’état des lieux des migrations subies de populations vers l’Europe :


Cartes sur Table : comprendre les migrations… par Le Monde

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Des nouvelles de l’Afrique

On nous bassine à longueur de temps que l’Afrique est le nouvel Eldorado, la nouvelle frontière, le futur de la croissance mondiale et autres grandes idées. Je souhaitais, pour les béats de la croyance en la croissance infinie et au progrès civilisationnel occidental à sens unique, énoncer quelques faits.

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La galaxie des mouvements dissidents : renverser Hollande !

Rien ne semble aussi saugrenu qu’un coup d’Etat en France, de nos jours. Qui plus est quand le chef de l’Etat prend l’apparence d’un gros bourgeois débonnaire.

Instiguer un coup d’Etat contre Hollande ! C’est comme si on voulait renverser le Duc d’Orléans contre la monarchie, faire dissidence dans le fort Boyard ou prendre d’assaut un château médiéval en ruines ! Franchement, cela vaut-il la peine de se lever le matin ?

François Hollande
Renverser le patapouf : sérieusement ?

C’est pourtant ce que certains dissidents ont tenté de faire, le 14 juillet 2015, grand jour de fête nationale et de défilé militaire. Ils ne portaient même pas des masques de Guy Fawkes, comme les vrais indignés.

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Tsipras : leçons d’opportunisme

On continue (jusqu’à quand ? la prochaine scène…) avec la tragi-comédie grecque ! Après des débuts hautement prometteurs, l’ensemble de la troupe remet le pied à l’étrier pour nous livrer une seconde charge de rires et de larmes.

Mais il semble que parmi cette bande de guignols, il en est un qu’on avait sous-estimé et qui revient pour voler la vedette : c’est Alexis Tsipras !

Pour montrer qui c’est le patron, il entonne un hymne à sa légende :

Je suis pour le communisme

Je suis pour le socialisme

Et pour le capitalisme

Parce que je suis opportuniste

Jacques Dutronc, L’Opportuniste (live 1992)

Car Tsipras en est un beau ! De l’espèce d’opportuniste politicien la plus cynique qui soit !

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Radicalité contre fanatisme et martyr

J’ai dû lire quelque part (certainement dans Rock’n’Folk) que Lenny Kravitz aurait déclaré :

It’s time to get hardcore.

(Il est temps de devenir radical)

Est-ce parce qu’il a coupé ses locks ?

lenny_kravitz_locks
Lock-ed

lenny_kravitz_no_locks
Un-lock-ed (mais toujours lunetté)

 

Mais, au fait, que signifie être radical ?

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De l’usage néfaste du slogan

Le slogan est devenu le format d’expression privilégié, pour un ensemble de raisons qu’il est nécessaire de démystifier. Chaque jour apporte son lot de nouveaux slogans, qui rencontrent des succès divers. On baigne tellement dans cette accumulation névrotique que le slogan est quasiment devenu un moyen d’expression naturel. Il n’est plus fabriqué en laboratoire par des docteurs ès-communication pour appuyer une stratégie commerciale ou politicienne ; il est devenu un trait d’esprit quasi-instantané, une bonne blague ou un saut d’humeur.

Démocratisé, le slogan. Si bien qu’on devient indifférent à cet objet du quotidien. Anodin, l’est-il vraiment pour autant ?

Toute chose devenue si familière qu’on ne la remarque plus mérite suspicion.

Voilà une bonne devise paranoïaque et de prudence essentielle. Dans Fight Club, cela est dit autrement :

Les choses que l’on possède finissent par nous posséder.

fight_club_equipement
Un appartement fort bien achalandé

Mais cette précaution est autant valable pour les objets de consommation et nos prétendus besoins d’équipement que pour les habitudes et pensées tellement ancrées en nous que nous ne savons plus les différencier de nous-mêmes : nous leur appartenons.

Les slogans font définitivement partie de cette vermine insidieuse.

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De l’importance des (re)définitions

Les deux grands intellectuels ennemis sont au moins d’accord là-dessus, et ce n’est pas moi qui vais les contredire :

La fonction de l’écrivain est d’appeler un chat un chat. Si les mots sont malades, c’est à nous de les guérir.

– Sartre, Qu’est-ce que la littérature ?

 

Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde.

– Attribué à Albert Camus

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Mes aïeux et mon pedigree

Comme j’ai critiqué les influences arbitraires qui gouvernent notre pensée et font de nous des héritiers plutôt que des discordants, il est donc honnête que je procède à l’élucidation de mon pedigree.

Je dois donc ouvrir la porte aux fantômes, à ces images et récits de ma jeunesse que je sais travailler pour toujours mon inconscient.

 

Je hais les voyages et les explorateurs.

– Claude Lévi-Strauss, incipit de Tristes Tropiques

 

 

Je vais vous parler de mes aïeux, qui ne furent ni des voyageurs, ni des explorateurs, mais qui vécurent cent vies chacun, en hommes d’action cosmopolites.

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