Archives de catégorie : Radicalité

Amoureux des belles mécaniques : confession d’un vice

Il faut que je confesse ma passion pour la voiture, la moto, et tout ce que la mécanique permet de mouvoir en profitant de sensations uniques.

Il faut confesser, car ces temps-ci, les gens comme moi sont vilipendés. Nous serions d’affreux renégats, d’horribles irresponsables contributeurs au réchauffement climatique et à la dégradation de la santé pulmonaire de nos compatriotes.

Fi de tout cela !

Je vous parle de passion, pas de la masse grouillante qui s’enferme dans les bouchons matin et soir, pas des dingues du volant, surexcités par le stress, l’injure aux lèvres, le pied lourd dans un environnement urbain accidentogène où se mêlent piétons, cyclistes et scooters, ni des chauffards en scooter, justement, qui ont le sentiment d’être prioritaires partout et redressent les torts à grands coups de bottes dans les portières.

Je vous parle de quelque chose de désuet et de rare, qui est l’esprit du gentleman driver combiné à l’amour de la villégiature roulante (road trip) : un amateur éclairé, hédoniste, qui sait apprécier des courbes et des arêtes, des odeurs d’échappement et d’huile, une musicalité d’acier et d’aluminium, et des sensations grisantes de vitesse et de contrôle ou la détente libertaire d’une flânerie sur des chemins de traverse.

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Quelque chose comme le bruit et la fureur d’un V8 les cheveux au vent (modèle : AC Cobra)

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L’économie automobile : un symbole d’hérésie anti-écologique

Cessera-t-on un jour du faire du neuf avec du vieux ? Non pas que je sois contre l’idée du recyclage, mais lorsqu’il s’agit de politique, il faut bien admettre que l’on a jamais construit l’avenir avec les recettes du passé. Employer de vieilles ficelles, c’est d’abord masquer que l’on est incapable d’innover.

Alors voici l’idée génialement désuète de Mme Royal : comme on veut à tout prix que ces ânes de Français achètent des véhicules électriques car « ça, c’est l’avenir », on se retrouve obligé de manipuler le marché, qui lui, ne veut pas entendre parler de véhicules à l’autonomie ridicule et au tarif prohibitif. En d’autres termes, on est forcé d’influencer l’offre ou la demande (ou les deux) afin qu’elles puissent se rencontrer. Comment fait-on ? On offre des primes pour l’achat de véhicules électriques, conditionnées par la mise au rebut d’un vieux tacot carburant au Diesel (pour un écologiste écervelé, c’est le diable à quatre roues).

Oui, vous ne rêvez pas, c’est le retour des primes à la casse, mises en œuvre en 1995 par le gouvernement Juppé (oui, vous savez, le Premier Ministre « droit dans ses bottes »).


Il était pas mignon, cet énarque dans la force de l’âge ?

Et bien, vingt ans plus tard, le gouvernement a changé de bord, mais on nous ressert la même soupe. Il faut dire qu’il est grand temps de mettre aux ordures les tas de ferraille que précisément Juppé nous a aidé à acheter.

Et on n’y va pas avec le dos de la cuiller ! Jusqu’à 10 000 € d’aide (« à condition de mettre à la casse une voiture diesel mise en circulation avant le 1er janvier 2001 ») ! Normalement, avec un tel niveau d’incitation, une grande partie de la demande devrait devenir solvable, sauf que…

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L’économie du partage : une éclipse capitaliste en perspective ?

J’ai fait la connaissance récente de Jeremy Rifkin à travers quelques articles concernant ses ouvrages, dont celui-ci.

Jeremy Rifkin
Jeremy Rifkin : look old school, idées à l’avenant ?

Vous allez me dire : « encore un vieillard profiteur qui vient nous donner des leçons sur un avenir qu’il a (et ses congénères) déjà largement compromis ! »

C’est vrai qu’avec son crâne dégarni, sa moustache anachronique, son costume sur-mesure avec pochette et sa cravate bariolée, on ne s’attend pas à des prophéties lumineuses. Délit de sale gueule que nous ferions !

Penchons-nous un peu plus sur son ouvrage La Nouvelle Société du coût marginal zéro, afin de savoir si Rifkin redécouvre la roue ou donne véritablement quelques vues saisissantes sur ce que pourrait être le monde de demain.

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La peur de perdre : le sentiment du déclassement et ses conséquences

Avant d’entrer dans le vif du sujet, il faut préciser ceci en préambule : quel que soit son statut, un Occidental est un insider ; il fait partie de cette frange minoritaire de la population mondiale qui dispose de plus de droits et de plus de libertés que son alter-ego non-Occidental. Il a avec lui un passeport efficace, qui lui offre le loisir d’errer d’Est en Ouest et du Nord au Sud sans jamais porter la marque du migrant ou du réfugié.

Ainsi, lorsque l’on parle de pauvreté, il faut toujours savoir de quelle pauvreté il s’agit, et de qui elle est le bourreau.

Kerviel invite par Jean-Luc Mélenchon à la fête de l'Huma
Le pôvre Kerviel dans les bras de tonton Mélenchon à la fête de l’Huma : l’Internationale réconforte les miséreux !

Ces précautions étant posées, je peux désormais me mettre sereinement au chevet de mes compatriotes pour écouter leurs sanglots longs : leur sentiment de déclin et leur peur du déclassement, qui ne sont autres que la peur de perdre. Or, pour avoir peur de perdre, il faut encore avoir :

C’est pourquoi ceux qui n’ont rien vivent souvent dans l’espoir, et ceux qui ont tout vivent fréquemment dans la peur.

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Le retour aux racines – quand on en a le choix !

Sylvain Tesson nous fait le coup du retour à la nature !

Dans un article paru dans le magazine Le Point du 28 mai (article en ligne ici), il vitupère contre un rapport sénatorial traitant de l’inégalité des territoires et notamment de l’hyper-ruralité :

Pour un cerveau techno, la « ruralité » n’est pas une vertu, mais une malédiction : le rapport déplore l’arriération de ces territoires qui échappent au numérique, sont mal desservis, pas assez urbanisés, privés de grands commerces, d’accès aux administrations. Ce que nous autres, pauvres cloches romantiques, tenons pour un luxe – le silence, l’ensauvagement, la préservation naturelle – est considéré dans ces pages comme une catégorie du sous-développement. […]

Le Wifi, l’asphalte, les centres commerciaux, les ronds-points et les zones d’activités ramèneront ces trous noirs dans la modernité heureuse !

 

Pour enfoncer le clou, il cite Cioran :

L’intérêt que le civilisé porte aux peuples dits arriérés est des plus suspects… La civilisation, son œuvre, sa folie, lui apparaît comme un châtiment qu’il s’est infligé et qu’il voudrait à son tour faire subir à ceux qui y ont échappé jusqu’ici.

mythe du bon sauvage
Sylvain Tesson en plein mythe du bon sauvage !

Or, ces propos constituent une critique très à charge et fallacieuse du rapport Hyper-Ruralité produit par un sénateur (comme quoi, rien n’est impossible !).

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Utopia

Finalement, nous prîmes la route du retour vers Utopia, capitale du royaume. Les détails de sa fondation restent obscurs. Dans l’antique bibliothèque d’Antioche, de vieux parchemins parlent d’une nouvelle Byzance érigée à l’Ouest de la Mer Intérieure par des esclaves affranchis de l’Empire romain.

Quand un étranger s’éblouit devant la magnificence actuelle de la cité, il n’est pas un Utopien pour lui rappeler qu’elle ne fût à l’origine qu’un campement de réfugiés venant de toutes les parties de l’Empire Romain décadent. Cette modestie n’est maintenant qu’une coquetterie superficielle, tant les contemporains, bercés dans la magnificence du glorieux empire, goûtent le luxe comme leur pain quotidien.

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Ma conception de l’enseignement de l’acte de philosopher

Après avoir rédigé une critique de l’enseignement philosophique contemporain ici, voici ma définition de la philosophie et de ce que je considère être sa suprême utilité – dans le cadre subjectif de ce qui serait ma barbarie.

En préambule, il faut dire ceci : que le « programme » que j’envisage est irréalisable en une année d’enseignement. Il faudrait au moins compter trois années, avec des élèves pris à l’âge de 15 ans.

Ce que philosopher devrait être : une ouverture, un décrochage du temps présent, une sortie de soi-même et de la société, une aventure des possibles, des tentatives personnelles et globales. Car il me semble fondamental pour la construction de l’esprit d’innovation, d’éviter de laisser la jeunesse baigner dans sa marinade (celle dans laquelle on l’a plongée).

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Education : l’enseignement philosophique

Depuis les Grecs anciens jusqu’aux Lumières, la philosophie est la discipline qui englobe tout : elle est le questionnement, par l’usage de la raison, sur toute chose et tout mécanisme universel, naturel ou humain. Elle est autant observation attentive du monde qu’édification de principes et de systèmes. Elle conçoit et s’appuie sur des outils que sont les sciences et la logique. Pythagore, Thalès, Platon, Aristote, Descartes, Hobbes, Pascal, Newton, Galilée, De Vinci : autant d’exemples de penseurs globaux, de savants pour qui science et philosophie ne font qu’un. La position de la thèse de Husserl, dans La Krisis, est que

L’irruption de la philosophie, prise en ce sens où toutes les sciences y sont incluses, est le phénomène originaire de l’Europe spirituelle.

 

Ce n’est réellement qu’à partir du XIXe siècle, sous l’essor du positivisme et du scientisme, que les philosophes, les scientifiques, les économistes, les psychologues, les historiens, les physiciens, les mathématiciens, etc. deviendront des spécialistes de leur discipline, entraînant la disparition de l’honnête homme comme figure idéale du penseur.

Mais que nous enseigne-t-on au fond de cette « humanité » ? En classe de Terminale (et encore, uniquement pour le cursus du baccalauréat général en France, et de manière très minoritaire), nous avons plutôt droit à un bâclage monumental sous une forme qu’il faudrait qualifier d’ « histoire et exercices pratiques de philosophie ».

Ce qui aboutit à une conclusion que l’on entend régulièrement, reprise dans cet article par un enseignant de philosophie en classe de Terminale :

La philosophie ne sert à rien

Pour être franc, la réponse est simple : la philosophie ne sert à rien. Sa contribution au PIB national est nulle. Le discours philosophique s’attache en effet à des problèmes de toujours, qui ne seront jamais refermés. Il ne donne pas de solution, il ne produit pas de certitude, il ne pose pas de point final. Parce qu’elle est le lieu d’une recherche de la vérité.

 

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La condition de l’homme préhistorique contemporain

J’ai toujours le sentiment de tailler le biface dans la caverne.

 

Taille du biface
Taille du biface en sous-vêtements, par une chaude journée d’été

En quoi différons-nous de l’homme préhistorique ? Notre existence est-elle si différente ?
Nous avons ce fait nouveau, pour les plus chanceux d’entre nous : la certitude de notre subsistance, par l’octroi de droit d’un ensemble de moyens sécuritaires, alimentaires et médicaux garantis par la société dans laquelle nous vivons. Mais au profit de quoi, sinon ce profit lui-même ? Car on a fait société d’abord pour s’assurer de combler ces besoins primaires. Les projets idéologiques (« utopies » au sens commun, auquel je ne souscris pas) sont venus après, et il semble qu’ils ont tous mené à l’impasse en étant abandonnés ou trahis.

Un homme automatiquement nourri, soigné et protégé contre l’agression se retrouve face à lui-même, et ce face-à-face lui impose de se forger une colonne vertébrale idéologique, c’est-à-dire un socle de valeurs qui conditionne ses choix et son mode de vie, et institue les termes initiaux des rapports entretenus avec les individus qui ont souscrit à ce même socle idéologique.

Ce socle de valeurs évite de se sentir étranger partout, y compris à soi-même.

Mais, comme l’écrit La Boétie dans son Discours de la servitude volontaire :

On ne regrette jamais ce qu’on n’a jamais eu. Le chagrin ne vient qu’après le plaisir et toujours, à la connaissance du malheur, se joint le souvenir de quelque joie passée. La nature de l’homme est d’être libre et de vouloir l’être, mais il prend facilement un autre pli lorsque l’éducation le lui donne.

Disons donc que, si toutes choses deviennent naturelles à l’homme lorsqu’il s’y habitue, seul reste dans sa nature celui qui ne désire que les choses simples et non altérées. Ainsi la première raison de la servitude volontaire, c’est l’habitude.

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La vie comme un parcours initiatique

Notre vie vaut mieux que la succession des journées qui la composent

Vision holiste de la vie : ce qui donne du sens, du liant, et fait que l’on ne se répète pas à l’identique jusqu’à notre mort, c’est la recherche de sens.


Une bande annonce délicieusement 90’s

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